Les stations au service des soins de suite

L’éducation thérapeutique au premier plan

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Publié le 14/01/2019
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Les stations thermales bénéficient de trois grands atouts : « Ce sont des lieux fréquentés par 600 000 patients chaque année, assurant une prise en charge de longue durée (des cures de trois semaines), avec une présence médicale sur place (des médecins thermaux). Ce sont des structures privilégiées pour suivre des patients chroniques dans le cadre de programmes d’éducation thérapeutique (ETP) et/ou de soins de suite », affirme Alain Coulomb, président de l’association Coopération santé et ancien directeur de la Haute Autorité de santé.

Une prise en charge globale et interdisciplinaire

De fait, par certains objectifs et certaines orientations, le thermalisme s’inscrit dans le parcours de soins de suite et de réadaptation (SSR), selon une démarche privilégiant l’interdisciplinarité : y interviennent médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, diététiciens… Une caractéristique renforcée par l’accent mis sur l’éducation du patient. « La prise en charge en milieu thermal de soins de suite se fonde sur trois types de soins : l’éducation à la santé, tout d’abord, afin que le patient comprenne sa pathologie et qu’il en prévienne les complications éventuelles ; des soins personnalisés lui permettant de gagner en autonomie une fois de retour à son domicile, dans son environnement habituel ; enfin, des soins directement liés à sa pathologie (programme de rééducation après une fracture, reconditionnement à l’effort après une chirurgie cardiaque…) », précise Alain Coulomb.

La rééducation après traumatisme ou chirurgie en milieu thermal, alternative l’accueil en ambulatoire, permet une prise en charge globale où le curiste, autonome, est acteur de son parcours de soins.

Prévention des risques et soutien psychologique

Elle peut notamment intégrer des programmes de prévention des chutes après la survenue de fractures ou des programmes de rééducation avant et après la pose de prothèses articulaires des membres inférieurs. Ces programmes sont mis en œuvre par des kinésithérapeutes, en coordination avec des infirmiers et des médecins thermaux.

La rééducation cardiaque dans les stations thermales se fonde, quant à elle, sur le reconditionnement à l’effort et les ateliers de prévention (ou de réduction) des facteurs de risque : surpoids, troubles lipidiques et glucidiques, tabagisme ; programmes d’éducation à la gestion de la maladie hypertensive, du diabète de type 2…

Les grands brûlés peuvent également bénéficier de SSR en milieu thermal intégrant, hormis les soins et la rééducation, une prise en charge psychologique ainsi que des ateliers d’ETP et d’hygiène de vie.

Quant aux femmes ayant été atteintes d’un cancer du sein, les stations thermales leur proposent un suivi pluridisciplinaire axé notamment sur la prévention des récidives par le biais de programmes nutritionnels et d’activité physique basés sur l’ETP. Une prise en charge psychologique, mais aussi des effets secondaires du cancer du sein (le lymphœdème du bras par exemple) peut également être proposée.

« Les SSR sont déjà mis en œuvre dans près de la moitié des stations thermales françaises. Les programmes de SSR sont complémentaires à la cure thermale conventionnée de 28 jours. Ils peuvent aussi être intégrés à des cures plus courtes. Les soins thermaux durent entre une heure et une heure et demie par jour. Les SSR se tiennent également chaque jour, sur trois à quatre heures. L’intégration des SSR dans le cadre thermal présente non seulement des bénéfices notables pour les patients, mais aussi un intérêt médico-économique. Cela contribue également à lutter contre les déserts médicaux », conclut Alain Coulomb.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9715