La santé au sein de l'UE, domaine de compétence pas réservé aux médecins

Publié le 06/05/2019
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Parlement européen Strasbourg

Parlement européen Strasbourg
Crédit photo : GARO/PHANIE

Si le Parlement européen compte traditionnellement entre 5 et 7 % de médecins parmi ses membres, seuls certains d’entre eux s’investissent activement dans des sujets liés à la santé – d’autres se spécialisant dans des secteurs bien différents.

Ainsi, parmi les 74 députés français européens de la législature sortante, les quatre praticiens recensés ne se sont pas particulièrement illustrés dans le domaine de la santé. Le Pr Philippe Juvin (LR, groupe PPE), chef du service des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (AP-HP), a été plutôt actif dans le domaine du commerce numérique. Mais il a récemment saisi la Commission sur les conséquences du Brexit sur les enjeux de sécurité sanitaire… Les Drs Joëlle Mélin (RN, groupe ENL), Dominique Riquet (Parti radical, groupe ADLE) et Renaud Muselier (LR, groupe PPE) ne se sont pas davantage focalisés sur les questions sanitaires.

À l’inverse, la juriste Françoise Grossetête (LR/PPE), député européenne depuis 1994, aura été rapporteuse de très nombreuses directives sur la santé, notamment sur la qualifications des médecins, les soins de santé transfrontaliers ou les conditions d’exercice. Elle quitte cette année le Parlement, unanimement appréciée pour ses compétences. 

Pédiatre allemand…

Elu et réélu depuis 1994, le pédiatre allemand Peter Liese (CDU/PPE) est certainement le député médecin le plus connu mais aussi le plus actif dans le domaine de la santé. Que ce soit sur le plan de la génétique et de la bioéthique, mais aussi sur celui des médicaments ou de la santé publique, le Dr Liese est une figure incontournable dans le monde de la santé au sein de l'UE. Catholique engagé, il défend des positions très traditionnelles sur la famille, l’avortement ou la fin de vie. Tête de liste CDU dans sa région (Westphalie), il devrait retrouver son siège le 26 mai.

Médecins ou pas, la plupart des parlementaires investis sur la santé siègent au sein de la commission santé du Parlement – qui amende et adopte les textes la concernant avant leur vote en séance plénière. Le Parlement (et cette commission santé en particulier) est un lieu d’intense lobbying, posant la question des conflits d’intérêts. Les médecins, notamment ceux qui conservent une activité professionnelle, n’ont pas échappé à ces questionnements.

...et chirurgien lituanien 

Au-delà du Parlement, organe législatif de l’Union, la Commission européenne compte un commissaire spécialement chargé de la santé. Ce poste, moins prestigieux que les grandes directions générales comme celles du Marché intérieur ou de la Concurrence, échoit souvent à un « petit pays ». Longtemps occupé par des commissaires chypriotes puis maltais, il est détenu actuellement par le chirurgien lituanien Vytenis Andriukaitis. Ses compétences couvrent avant tout la promotion et la protection de la santé – l’exercice professionnel et l’économie de la santé dépendant d'autres directions générales.

Face à ces experts, le corps médical dispose, comme toutes les professions, d’un organisme qui les représente officiellement à Bruxelles : il s’agit du Comité permanent des médecins européens, qui réunit 29 délégués nommés par les organisations professionnelles de chaque pays. Depuis octobre 2018, le CPME est présidé par le président de l’Ordre fédéral des médecins allemands, le chirurgien hambourgeois Frank-Ulrich Montgomery.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9747