30 % des patients vus chez le généraliste

Publié le 05/07/2012
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A LA LUMIÈRE de l’enquête Santé et protection sociale de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, qui comportait pour la première fois en 2008 un questionnaire sur les troubles du sommeil, la prévalence de symptômes évocateurs de syndrome d’apnée obstructives du sommeil (SAOS) -ronflements fréquents associés à des apnées constatées ou à une somnolence diurne - était de 4,9 %. Dans cette même enquête, 2,4 % des sujets âgés de plus de 16 ans ont déclaré avoir un SAOS diagnostiqué. Mais cette prévalence est encore plus élevée dans de nombreuses pathologies, en particulier en présence d’une hypertension artérielle, d’une maladie coronaire, d’une insuffisance cardiaque, d’antécédents d’accident vasculaire cérébral, d’un diabète de type 2 (prévalence de plus de 70 % dans certaines études), d’un surpoids, d’un syndrome des ovaires polykystiques, d’une hypothyroïdie ou d’une acromégalie. « Ainsi, on estime que près du tiers des patients vus en consultation par le généraliste, présentent un SAOS significatif, qui peut être facilement évoqué en cas de ronflements associés à des pauses respiratoires et une somnolence dans la journée », insiste le Pr Pierre Escourrou. Un meilleur dépistage de ce syndrome, qui touche plus souvent les hommes que les femmes, tout du moins avant la ménopause, et dont la prévalence augmente avec l’avance en âge, est essentiel.

HTA diastolique nocturne.

Les données épidémiologiques récentes ont en effet confirmé le lien entre le SAOS sévère et la mortalité globale et les conséquences cardiovasculaires du SAOS sont aujourd’hui mieux précisées. C’est l’association de ce syndrome et de l’hypertension artérielle qui est la plus documentée. La prévalence du SAOS (index apnées hypopnées [IAH] ›10/heure) chez les sujets hypertendus est de 30 à 40 % et le SAOS est désormais reconnu comme une cause d’HTA secondaire par les Sociétés européennes et américaines d’hypertension. Au cours du SAOS, l’HTA est principalement diastolique, nocturne et plus fréquemment associée avec un statut de « non dipper ». L’HTA masquée est fréquente. La prévalence du SAOS est particulièrement élevée chez les patients présentant une HTA réfractaire, où elle est estimée, selon les études, entre 56 et 85 %. Et chez les hypertendus ayant un IAH › 10/h, le risque relatif de mauvais contrôle tensionnel est de 4,8, après ajustement sur l’âge, étude contrôlée pour l’âge, le sexe, l’index de masse corporelle et l’ancienneté de l’hypertension artérielle.

Maladie coronaire.

Les études retrouvent également une association entre le SAOS et la maladie coronaire : le risque de la maladie coronaire est de 1,27 chez les sujets ayant un IAH›11/h et, à l’inverse, chez des coronariens documentés, la prévalence du SAOS est estimée entre 30 et 57%. Enfin, plusieurs études prospectives ont mis en évidence une incidence accrue d’événements cardiovasculaires chez les coronariens ayant un SAOS associé.

Des études de populations ont par ailleurs montré une association indépendante entre SAOS et insuffisance cardiaque congestive, mais le sens du lien de causalité n’est pas clairement déterminé. Les patients souffrant d’un SAOS sévère ont aussi un risque plus élevé de troubles du rythme, notamment de fibrillation atriale (risque relatif de 4). Enfin, le risque relatif d’accident vasculaire cérébral est augmenté (1,58) chez les sujets ayant un SAOS avec IAH ›11 comparativement à ceux sans apnées.

Dans un contexte de vieillissement de la population et d’épidémie de diabète et d’obésité, des efforts sont impératifs pour mieux dépister et traiter le SAOS.

 Dr ISABELLE HOPPENOT D’après un entretien avec le Pr Pierre Escourrou, explorations fonctionnelles, Centre de médecine du sommeil, hôpital Antoine-Béclère, Clamart.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9151