À l’issue de sa 10e réunion depuis le début de la pandémie le 19 janvier, le Comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le Covid-19 appelle les États à mettre en place une « surveillance en temps réel » des possibles animaux réservoirs du Sars-CoV-2.
Le Comité reprend ainsi l’avis du groupe consultatif sur l’évolution du Sars-CoV-2 chez les animaux, publié le 6 janvier, qui revient sur les spéculations autour de l’émergence d’Omicron. « La possibilité qu'Omicron ait émergé d'un hôte animal ne peut être écartée comme alternative à d'autres hypothèses, dont l'évolution virale au cours d'une infection persistante chez un immunodéprimé », est-il relevé, alors que « certaines mutations de la spike d'Omicron sont associées à une adaptation chez la souris » et qu’une recherche in silico suggère que le variant détecté en Afrique du Sud « a peut-être évolué chez la souris avant de se répercuter chez l'homme ».
Seulement 1 500 séquences animales sur GISAID
Cette hypothèse, qu’elle se vérifie ou non, « indique un besoin d'amélioration de la génomique surveillance du Sars-CoV-2 chez les animaux », souligne l’avis. Actuellement, la base de données internationale GISAID EpiCoV compte plus de 6 millions de séquences de Sars-CoV- 2 humains disponibles, mais seulement environ 1 500 séquences animales. La majorité de ces dernières concernent des virus de vison, de chat et de cerf de Virginie. Ces lacunes sont à combler par des enquêtes épidémiologiques sur les transmissions homme-animal et par une surveillance ciblée des hôtes potentiels, insiste l’avis.
« La surveillance en temps réel et le partage de données sur l'infection, la transmission et l'évolution du Sars-Cov-2 chez les animaux contribueront à la compréhension globale de l'épidémiologie et de l'écologie du virus, du potentiel d'évolution de nouveaux variants dans les populations animales, de leur identification en temps opportun et de l'évaluation des risques pour la santé publique », explique ainsi le Comité d’urgence de l’OMS, présidé par le Pr Didier Houssin, dans ses dernières recommandations.
Celles-ci reviennent également sur les enjeux actuels de la pandémie, que le Comité a maintenue « à l’unanimité » sous le niveau d’alerte maximal de l’OMS d’« urgence de santé publique de portée internationale ». L’inquiétude porte notamment sur les « difficultés à maintenir l'adhésion aux mesures de santé publique » après deux ans de pandémie et sur « le risque de déclarations trop optimistes concernant l'état de la pandémie ».
Le Comité s’alarme aussi des « violences à l'encontre des agents de santé, des responsables de la santé publique et des conseillers experts engagés dans la réponse au Covid-19 ». Condamnant ces « actes qui sapent les efforts de réponse », il exhorte les États à renforcer la communication pour contrer la désinformation et les menaces envers les « travailleurs de première ligne », mais aussi améliorer l'acceptation du vaccin.
Inefficacité des interdictions de voyager
L’absence de coordination mondiale est de nouveau déplorée. Les interdictions de voyager sont notamment jugées inefficaces pour supprimer la propagation internationale « comme le démontre clairement l'expérience d'Omicron », écrit le Comité, craignant que ces mesures découragent la « notification transparente et rapide » des variants préoccupants émergents.
Sont également pointés : l’absence de stratégie mondiale coordonnée pour la vaccination des plus fragiles, les difficultés d’accès aux vaccins des pays non éligibles à Covax, les défis posés par les prix élevés de certains traitements, tout comme « la disponibilité limitée des données sur le rapport coût-efficacité de ces traitements ».
De nouveaux vaccins nécessaires
Parmi ces recommandations, le Comité insiste sur la nécessité de poursuivre la recherche sur les vaccins, et notamment sur les schémas hétérologues, sur des formulations efficaces face aux variants et sur de nouvelles technologies. « La technologie de vaccination actuelle dépend de seringues dont l'approvisionnement est limité (…). Le développement rapide de formulations de vaccins alternatifs, tels que les vaccins intranasaux, pourrait accroître la facilité d'administration dans les zones à faibles ressources et/ou difficiles d'accès », lit-on.
Enfin, le Comité rappelle la « nécessité de stratégies de test cohérentes, avec une articulation claire du type de tests à utiliser et à quelles fins », invitant les États à « s'assurer que les tests de diagnostic répondent aux normes de l'OMS en matière de spécificité et de sensibilité pour les différentes applications ».
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