Une équipe internationale a mis au point un outil capable de prédire avec précision et sur le long terme le risque de perte de greffon rénal. Cet outil d'intelligence artificielle, fondé sur un nouveau score de risque, appelé iBox et décrit dans le « British Medical Journal », va être déployé en vie réelle d'ici à la fin de l'année au cours d'une phase pilote menée dans deux centres français, l'hôpital Necker et l'hôpital Saint-Louis (AP-HP).
« L’iBox se démarque des tentatives préexistantes de système de prédiction par le fait qu’elle a été validée dans plusieurs contextes d’utilisation et dans différents systèmes de santé à travers le monde. Par ailleurs, les paramètres utilisés par l’iBox sont des paramètres utilisés au quotidien dans le suivi du patient transplanté rénal », indique au « Quotidien » le Dr Yassine Bouatou, néphrologue à l'hôpital Saint-Louis et co-auteur de l'étude.
La survie du greffon estimée jusqu'à 10 ans
L'algorithme de l'iBox a été élaboré à partir d'une cohorte de 4 000 patients recrutés dans quatre centres français entre 2005 et 2014 et suivis sur une période médiane de 7 ans. Au total, 32 paramètres cliniques, fonctionnels, immunologiques et histologiques ont été évalués.
Au final, huit paramètres, dont la protéinurie, le débit de filtration glomérulaire, des paramètres histologiques et la présence d'anticorps dirigés contre le donneur, ont été identifiés comme étant indépendamment liés au risque de perte de greffon. Ils ont ensuite été combinés pour établir le score de prédiction du risque iBox.
En pratique, le score est obtenu à l'aide d'une plateforme informatique où les différents paramètres sont renseignés. À partir de ces données, l'algorithme applique différents coefficients aux paramètres pour calculer un score. « L’algorithme rend alors une probabilité de survie du greffon à 3, 5, 7 et 10 ans », explique le Dr Bouatou.
Un outil d'intérêt pour les essais cliniques
L'outil iBox a ensuite été validé auprès de 3 557 patients provenant de différentes cohortes — deux Françaises, une Belge et trois Nord-Américaines —, permettant ainsi de l'évaluer dans des cohortes distinctes géographiquement et en termes de critères d'allocation des greffons.
Sa précision a ensuite été confirmée au sein des cohortes de trois essais thérapeutiques randomisés : le score iBox a été évalué pour tous les patients et comparé au taux de perte de greffe réel. L'iBox permet également de prédire le risque de perte de greffon rénal en fonction des interventions thérapeutiques mises en place.
« Avec l'iBox, l'objectif est de fournir aux cliniciens un outil pratique d'aide à la décision qui a le potentiel d'orienter la prise en charge du patient », résume le Dr Bouatou.
L'iBox est aussi un outil d'intérêt pour les futurs essais cliniques : « le fait de pouvoir prédire la perte de greffon 7 voire 10 ans après la transplantation grâce à cet outil bien validé représente un gain de temps significatif dans le développement des essais cliniques de demain en transplantation rénale », précise le néphrologue.
Le principe de cet outil d'intelligence artificielle a vocation à être déployé dans d'autres domaines en adaptant les paramètres. Il est en cours de développement en transplantation cardiaque.
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