S’il y a un sujet-vélo qui est un marronnier, il s’agit bien de l'obligation du port du casque. Parmi les non-cyclistes, le consentement à pénaliser par une amende les cyclistes non coiffés de casque, même pour un trajet court entièrement réalisé sur une piste cyclable, est très important. « Les cyclistes font n’importe quoi, qu’ils mettent au moins un casque », entend-on souvent. Les associations nationales en faveur du développement du vélo du monde entier sont pourtant unanimes : il s'agit d'une fausse bonne idée. La vraie bonne idée consiste à encourager la pratique du vélo et mieux partager l’espace public, grâce à des infrastructures de qualité.
Convaincue des multiples avantages du vélo, qui répond à bien des enjeux de la société française, la FUB œuvre depuis 40 ans pour rendre le vélo accessible et accompagner les pouvoirs publics dans l'élaboration des politiques de sécurité routière. Régulièrement, notre fédération dénonce les amalgames injustifiés qui devraient logiquement conduire à des conclusions aussi aberrantes que rendre le casque obligatoire pour les piétons ou les automobilistes de plus de 65 ans… voire pour les personnes empruntant les escaliers ou prenant une douche.
On comprend parfaitement qu’il paraisse tentant de penser « cela ne peut pas faire de mal ». Pourtant, une majorité d’études scientifiques montrent que cette affirmation est pour le moins discutable. Sans nier le potentiel gain individuel du port du casque une fois qu'un accident arrive, la FUB fait valoir que l'obligation d'en porter un en toutes circonstances a bien des effets pervers.
À commencer par envoyer un signal désastreux — « pédaler est tellement dangereux que le casque est indispensable » —, et donc décourager les potentiels cyclistes à franchir le pas. Pourtant, comme le démontre l’Observatoire régional de santé Île-de-France (2012), le bénéfice de la pratique du vélo est plus de 20 fois supérieur aux risques encourus. Ce ratio écrasant en faveur du vélo est essentiellement dû aux bénéfices de l’activité physique, qui l’emportent largement sur les autres bénéfices et sur l’ensemble des risques. Le principal risque n'étant d'ailleurs pas l'accident, mais la surexposition à l'air pollué due à l'hyperventilation. Ainsi, c'est ne pas faire du vélo, par peur de l'accident, qui est dangereux !
Un effet pervers, l'homéostasie du risque chez le cycliste
Un autre effet pervers notable de l'obligation est l'homéostasie du risque. Ainsi, une fois casqué, le cycliste a tendance, inconsciemment, à prendre davantage de risques, se pensant — à tort — à l'abri de tout danger. Pire, des études concordantes montrent que l'automobiliste a un raisonnement inconscient équivalent, doublant avec moins de précaution les cyclistes casqués.
Comme souvent avec le vélo, les choses sont contre-intuitives. Le seul fait qu'un vélo tienne en équilibre n'est-il pas étonnant ?
Ainsi, plus il y a de cyclistes, plus le risque individuel d'accident baisse. C'est ce que l'on appelle « la sécurité par le nombre ». Aux Pays Bas, alors qu'à peine 0,5 % des cyclistes portent le casque, le risque individuel de traumatisme crânien est le plus faible au monde, grâce à des infrastructures permettant une part modale vélo de 27 %. Les gouvernements devraient se polariser sur l’encouragement à la pratique plutôt que d’effrayer les usagers en donnant au risque d’accident une importance qu’il n’a pas dans la réalité.
Baisser le trafic motorisé, maîtriser les vitesses, équiper les poids lourds de détecteurs : voilà les priorités, pas le casque obligatoire !
La sédentarité est un enjeu majeur de santé publique, son coût est du même ordre que le tabagisme… Alors, tous à vélo !
Exergue : Comme souvent avec le vélo, les choses sont contre-intuitives, car, plus il y a de cyclistes, plus le risque individuel d'accident baisse
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