Si la dette sociale a diminué, elle reste abyssale — 6 milliards d’euros en 2016 selon la Cour des comptes. Notre système de santé ne peut perdurer sous sa forme actuelle et doit s’emparer du numérique pour sauver le modèle de santé publique français, qui représente une richesse pour notre pays et que le reste du monde nous envie.
Ouvrir le chantier de la dématérialisation
Face au problème d’accès au soin dans les déserts médicaux et de la lourdeur des formalités administratives, les patients se soignent moins bien qu’avant et le personnel médical perd un temps précieux. Le passage au numérique permettrait d’y remédier en automatisant les démarches administratives et en donnant aux patients un espace individuel qui centraliserait leurs ordonnances, analyses et prescriptions.
Sans transiger sur la sécurité et la confidentialité des données, offrir au patient un point d’accès unique pour tout ce qui a trait à sa santé représente un vrai progrès par rapport au morcellement actuel de la prise en charge. La difficulté du passage au numérique est en bonne partie due à des craintes en matière de sécurité et alors que l’Assurance Maladie possède la plus grande base de données de santé au monde, elle ne l’a encore jamais exploitée. La France dispose pourtant d’un arsenal législatif très protecteur en la matière grâce au système d’anonymisation des données du SNIIRAM — le système national d’information interrégimes de l’Assurance Maladie — qui rend impossible l’identification des patients.
Oser le Big Data pour améliorer la veille sanitaire
Le Big Data est une ressource exceptionnelle pour la santé publique qui permettrait d’énormes économies et une amélioration sans précédent de la médecine préventive, grâce à une véritable analyse prédictive des risques par zones géographiques, populations ou encore catégories professionnelles. Avec l’analyse prédictive il serait ainsi possible d’anticiper les cancers et maladies dégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. En croisant les symptômes de patients précédemment atteints, on pourrait établir un profil type et prendre en charge les patients à risque avant que la maladie ne se déclare.
Réussir cette transformation nécessite une vraie démarche de la part des professionnels autant que des patients qui doivent prendre en charge leur santé ; le tout porté par une politique de santé publique ambitieuse. Puisqu’en France la santé est publique, il incombe à l’État de lancer le développement d’une interface numérique à disposition de tous, simple d’utilisation par le patient comme par le professionnel.
Tarder davantage à passer au numérique serait manquer l’opportunité de préserver notre système de santé publique, héritage acquis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Acteur indispensable de cette transformation, l’État doit accélérer le développement de services numériques consacrés à la santé.
* CEO de Feelae
Article précédent
BigData : tous aliénés ?
BigData : tous aliénés ?
Le numérique pour guérir la santé publique
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes
« Ils savaient » : le chirurgien pédocriminel Le Scouarnec protégé par l'omerta médicale