Celles et ceux qui escomptaient un grand débat sur les effets pervers du dépistage du cancer du sein vont sans doute être déçus. A l'occasion de la réunion de clôture sur "la concertation citoyenne et scientifique" sur le cancer du sein qui s'est tenue samedi 28 mai, les avis de la conférence citoyenne et de la conférence des professionnels ont été rendus publics. Si le premier fait état à plusieurs reprises d'un "risque avéré" de surdiagnostic dans le cadre du dépistage organisé, la seconde aborde à peine la question, pourtant polémique. Et, les autorités sanitaires peuvent être rassurées : ni l'une, ni l'autre ne jugent utile de remettre en cause le principe et les principales modalités du dépistage organisé.
Cette concertation -qui avait pour but de relancer le dépistage du cancer du sein- n'a d'ailleurs pour l'heure pas semblé avoir trouvé de solutions miracles pour y arriver. Pour autant, la conférence des professionnels qui réunissait 19 praticiens (dont 4 généralistes de Teteghem, Liverdun, Aurec-sur-Loire et Villiers-les-Nancy) a fait des propositions qui pourraient changer l'organisation du dépistage du cancer du sein.
Leur première préconisation repose sur la mise en place d'une consultation de prévention à l'âge de 40 ans pour déterminer le niveau de risque individuel : "l’entretien porterait sur la santé globale de la personne, son histoire de vie, en évoquant les facteurs de risque, l’hygiène de vie et la prévention, et les dépistages existants."
Le résultat de cette consultation serait adressé à la structure de gestion des dépistages qui dès lors ferait entrer ces femmes à risque élevé (antécédents de cancer du sein ou de l'ovaire ou d'hyperplasie atypique canalaire ou lobulaire ou d'irradiation à haute dose) ou très élevé (mutation BRCA 1 et 2) dans le cadre du dépistage organisé.
Une recommandation qui pourrait se concrétiser rapidement puisque la HAS préconise depuis 2014 de repérer très tôt les femmes à risque particulier de cancer (dès l'âge de 20 ans parfois) et que Marisol Touraine a annoncé en septembre dernier le remboursement à 100% de ce dépistage personnalisé.
"Nous sommes conscients que la mise en place de ce deuxième parcours de dépistage organisé engendre de nouveaux coûts assumés par l'Etat", souligne le document. En contrepartie, le groupe propose donc la suppression du remboursement du dépistage individuel. Vu l'ampleur du recours à ce type de dépistage hors piste, il convient de procéder progressivement. Le jury des 19 semble en être conscient, puisqu'il suggère : "ce déremboursement doit s'accompagner d'une information aux prescripteurs avant d'être totalement effectif."
Ces suggestions pourraient faire sensiblement évoluer le dispositif français de dépistage du cancer du sein. Ce pourrait être le cas rapidement pour le dépistage des femmes à risque dès 40 ans. Et pour le reste, il faudra attendre le rapport du Comité d'orientation remis l'été prochain à la ministre de la Santé et surtout le plan d'actions qui suivra à l'automne prochain.
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP