L’équipe menée par Amna Khamis et le Pr Philippe Froguel de l’Université de Lille (Inserm, CNRS, CHU de Lille, Université de Lille, Institut Pasteur de Lille) a publié une étude dans la revue Diabetes suggérant que le diabète de type 2 (DT2), via des modifications épigénétiques, pourrait induire des changements dans le pancréas exocrine et un état précancéreux. Ces conclusions expliqueraient pourquoi les patients atteints de DT2 ont un risque plus élevé que les non-diabétiques de développer un cancer du pancréas.
Pour rappel, le DT2 est considéré comme un facteur de risque de cancer du pancréas avec un risque augmenté d’environ 1,8 dans une étude récente citée par le centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. Leurs travaux ouvrent ainsi des perspectives pour la prévention de ce cancer chez les patients atteints d’un DT2.
Des modifications épigénétiques causées par l’hyperlipidémie
Les chercheurs ont analysé des échantillons de pancréas provenant de 141 donneurs (âgés en médian de 67 ans) et ont relevé chez ceux atteints d’un DT2 (n = 32) une hyperméthylation du gène PNLIPRP1, qui entraîne une réduction de son activité. Or, le gène PNLIPRP1 est impliqué dans le métabolisme des lipides dans le pancréas exocrine et les changements cellulaires résultant de son inactivation se manifestent sous forme d’une métaplasie acino-canalaire, caractéristique des états précancéreux.
L’équipe a également observé que les méthylations augmentaient avec l’âge chez les patients atteints de DT2, par rapport aux non-diabétiques ; ils ne trouvent pas en revanche d’association avec l’obésité ou l’hypertension. Selon les chercheurs, ce sont les hyperglycémies et les hyperlipémies retrouvées dans le diabète de type 2 qui seraient responsables entre ces modifications épigénétiques.
Un phénomène potentiellement réversible
Les auteurs suggèrent ainsi qu’un traitement par statines pourrait être intéressant pour interrompre les modifications épigénétiques et protéger les patients atteints de DT2 contre le cancer du pancréas. En effet, chez des souris dont le gène PNLIPRP1 avait été inactivé, le traitement hypolipémiant permettait d’abaisser le taux de cholestérol et d’inverser l’état précancéreux.
Pour les chercheurs, ces observations précliniques confirment les résultats d’une méta-analyse montrant que les statines permettent de réduire le risque de cancer du pancréas et d’améliorer la survie des patients atteints. La régulation du gène PNLIPRP1, qui dépend non seulement de la génétique, mais aussi de l’épigénétique, occupe un rôle central dans la santé métabolique d’un individu, soulignent les auteurs.
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