Épidémiologie

Le fructose, un ami qui vous veut du mal

Publié le 25/10/2013
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Les arguments s'accumulent pour incriminer le fructose dans les anomalies métaboliques et le risque cardio-vasculaire.

La consommation de fructose se faisait jusqu'ici principalement par le sucre de table, où il est associé au saccharose et, en petite quantité, dans les fruits et le miel. Mais l'utilisation de sirop de glucose/fructose dans l'alimentation industrielle se développe fortement – boissons sucrées, biscuits... – et pourrait se révéler néfaste pour la santé. Paradoxalement, le procès fait aux graisses a conduit à les diminuer dans l'alimentation mais à augmenter la teneur en sucres !

Des données épidémiologiques suggèrent un impact sur le développement du diabète de type 2 et le risque cardio-vasculaire, mais il était difficile de conclure du fait d'interférences avec l'augmentation de la ration calorique et l'obésité. On sait qu'un excès de fructose provoque une augmentation des triglycérides, favorise le stockage des graisses et l'insulino-résistance (comme le suggère l’étude de Varman-Trends in Endocrinology and Metabolism en 2011), mais on avait peu de données concernant le retentissement d'une consommation plus modérée mais au long cours.

Risque cardio-vasculaire

Une étude de 2013 (Ruff, Nature Communications, août 2013) chez la souris montre que lorsque la proportion de sucres «?simples?» atteint 25% de la ration calorique journalière, la mortalité est doublée chez les femelles et la fertilité réduite d'un quart chez les mâles, y compris lorsqu'il n'y a pas d'augmentation de la ration calorique totale ni de gain pondéral. Récemment, une autre étude parue dans le Journal of Clinical Nutrition apporte de l'eau au moulin des anti-sucres, en montrant la corrélation entre la consommation de boissons sucrées (hors édulcorant) chez les adolescents et leur niveau de risque cardio-vasculaire, avec au-delà de 330 ml/jour, une augmentation des triglycérides et une baisse du HDL.

Les mécanismes prouvant le lien de cause à effet entre ce type de sucre et le risque cardio-vasculaire sont mal connus, ce qui fait dire à certains que l'effet « toxique » du sucre n'est pas démontré. Néanmoins, dans la mesure où ces sucres raffinés apportent des calories « vides » au niveau des vitamines et autres éléments essentiels et qu'ils favorisent l'obésité, il est nécessaire de les limiter et, surtout, de freiner leur consommation croissante.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Généraliste: 2658