Malgré le coup d’arrêt porté par l’épidémie aux voyages, le SARS-CoV-2 n’aura pas eu raison des recommandations sanitaires aux voyageurs. Comme chaque année à la même époque, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient en effet de publier ses nouvelles préconisations. « La diffusion du virus ayant été planétaire en quelques semaines, nous n’avons même pas eu le temps d’ajouter une ligne sur la nouvelle pandémie », préviennent en préambule les auteurs.
Sur près de 90 pages, la nouvelle feuille de route détaille les mesures à prendre avant le départ et les précautions à respecter pendant le voyage. Plus que jamais, la tendance est à l’adaptation des mesures prophylactiques, non seulement au pays de destination mais aussi au profil des voyageurs et aux conditions du séjour.
Le casse-tête des vaccinations contre la rage et l’encéphalite japonaise
Concernant les vaccins, peu de changements sur le fond. En dehors des vaccinations spécifiques, les experts soulignent l’importance de la mise à jour des vaccinations classiques type diphtérie, tétanos, coqueluche, polio mais aussi rougeole.
Sur la forme, le tableau sur l’encéphalite japonaise a été retravaillé et une carte épidémiologique de la rage a été ajoutée afin d’éclairer les recommandations de vaccination préventive pour les pays à haut risque. « Depuis quelques années, de plus en plus de jeunes partent pour des voyages relativement long, souvent hors des sentiers battus, avec une attirance pour la Chine et le Sud-Est asiatique. Or ce sont des endroits où il existe une transmission de l’encéphalite japonaise et de la rage, ce qui amène à vacciner de plus en plus contre ces deux maladies » souligne le Pr Daniel Camus (Institut Pasteur de Lille), qui a piloté le groupe de travail à l’origine de ces recommandations. Pour autant, tout séjour dans ces zones ne relève pas forcément de ces deux vaccinations, la destination précise, la durée du voyage et le mode de séjour entrant aussi en ligne de compte. « Ce sont des décisions de plus en plus complexes, souligne le Pr Camus, c’est pour ça qu’on essaye d’apporter les éléments les plus précis possibles aux médecins. »
Paludisme : mise en garde contre l'Artemisia
Pour le paludisme, la situation s'améliore dans certaines zones, avec une baisse de l’incidence de 22 % en Afrique et de 70 % en Asie du Sud-Est. En revanche, la maladie stagne, voire progresse, dans d'autres zones, comme la région Amérique. Globalement, « 90 % des cas sont observés en Afrique », observe le Pr Camus.
La prévention des piqûres de moustique « reste la base de la prévention du paludisme », souligne le HCSP. En cas de risque élevé d’impaludation (Afrique subsaharienne, Papouasie), « la chimioprophylaxie est toujours nécessaire ». En revanche, pour certaines zones comme l’Asie du Sud-Est, la tendance est à lever le pied, la décision devant être « adaptée individuellement au voyageur selon le type de voyage et ses conditions ». Schématiquement, l’association atovaquone-proguanil et la doxycycline restent les traitements préconisés en première intention dans les zones à P. falciparum. Pour les pays où P. Vivax est très présent, la prescription de chloroquine a longtemps été jugée suffisante. Mais désormais, « conformément aux recommandations de l’OMS, il peut être justifié, dans des conditions de forte exposition, de prescrire d’autres antipaludiques », indique le HCSP. Alors que classiquement P. Vivax est considéré comme moins virulent, « on a vu qu’il pouvait donner des accès graves, certaines populations comme les femmes enceintes étant plus fragiles, décrypte le Pr Camus. D’où cette évolution des recommandations. »
Les experts insistent aussi sur le danger de s'auto-médiquer avec l'Artemisia. « L’utilisation de la plante entière Artemisia annua sous la forme de tisanes ou de gélules dans la prévention ou le traitement du paludisme n’est pas autorisée » et expose à une « perte de chance ». De plus, contrairement à un médicament, « on ne contrôle pas sa posologie, ce qui peut être potentiellement dangereux », ajoute le Pr Camus. Les dérivés d’artémisinine restent en revanche utilisables en curatif, en association à d’autres molécules.
Enfin, cette édition regroupe pour la première fois les recommandations pour les femmes enceintes ou allaitantes, « de manière à répondre aux demandes en nette croissance de cette population ».
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