Le diagnostic étiologique des douleurs articulaires du sujet obèse n’est pas toujours facile, les douleurs mécaniques sont fréquentes et les manifestations cliniques inflammatoires pas toujours cliniquement évidentes. La recherche d’un syndrome inflammatoire biologique est un élément clé pour avancer dans le diagnostic étiologique de douleurs articulaires et repose le plus souvent sur le dosage de la Protéine C réactive (CRP), marqueur non spécifique mais très sensible de l’inflammation. La synthèse hépatique de la CRP est stimulée par des cytokines pro-inflammatoires, en particulier l’IL6, synthétisée, sous l’effet de certaines adipokines, par les adipocytes et les macrophages inflammatoires infiltrant le tissu adipeux.
Le taux de CRP augmente avec l’IMC et l’adiposité
Il existe dans la littérature de nombreuses études démontrant l’élévation de la CRP ultrasensible chez les obèses et son association avec le risque cardiovasculaire. Les données concernant la CRP classique, notamment chez des sujets avec IMC supérieur à 40 kg/m2 sont peu nombreuses. L’étude descriptive menée au CHU d’Angers a porté sur 1 199 femmes obèses (43 ans en moyenne, IMC moyen 42 kg/m2) prises en charge dans le service d’endocrinologie/nutrition en vue d’une chirurgie bariatrique. La CRP a été mesurée avant la chirurgie et 6 mois après. Parallèlement, a été analysée la CRP chez 189 femmes de poids normal ou en surpoids vu en rhumatologie pour des pathologies mécaniques. La norme du laboratoire du CHU pour une CRP normale était de moins de 3 mg/l. Les femmes ont été réparties selon leur IMC par classe de 5 kg/m2. « On constate que plus l’IMC augmente, plus le risque d’avoir une CRP ≥ 3 mg/l augmente. Ainsi, 16,9 % des femmes avec un poids normal avaient une CRP ≥ 3 mg/l, un nombre qui passait à 37,7 % pour celles en surpoids (IMC entre 25 et 30), 46,3 % en cas d’obésité modérée (IMC entre 30 et 35), 75,7 % en cas d’obésité sévère (IMC entre 35 et 40) et 84,5 % en cas d’obésité morbide (IMC entre 40 et 45). Au-delà d’un IMC à 45 kg/m2, plus de 92 % des femmes avaient une CRP ≥ 3 mg/l. Pour chaque augmentation de 5 kg/m2 d’IMC le risque d’avoir une CRP ≥ 3 mg/l était multiplié par 2. Si l’on prend un seuil de CRP à 10 mg/l, respectivement, 4,5 % des femmes avec un poids normal, 10,1 % des femmes en surpoids, 8,3 % des femmes avec une obésité modérée, 26,1 % des femmes avec une obésité sévère et 34,1 % des femmes avec une obésité morbide avaient une CRP ≥ 10 mg/l », détaille la Pr Béatrice Bouvard (CHU d’Angers). En analysant la composition corporelle, il ressort après ajustement sur l’IMC que le taux de CRP est avant tout associé à l’adiposité et inversement associé à la masse musculaire. Il a aussi été montré une diminution significative de la CRP avec la perte de poids induite par la chirurgie bariatrique.
Redéfinir des normes en fonction de l’IMC ?
Utiliser les mêmes valeurs normales de CRP pour tous les patients est discutable. Dans cette étude, les valeurs de CRP classant 95 % des patientes étaient de 10 mg/l chez celles avec un poids normal, de 15 mg/l en cas de surpoids, de 17 mg/l en cas d’obésité modérée, de 22 mg/l en cas d’obésité sévère et de 25 mg/l en cas d’obésité morbide.
Tenir compte de l’IMC pour interpréter une valeur de CRP apparaît utile avec la réserve que le vrai paramètre influençant le taux de CRP est l’adiposité.
D’après un entretien avec la Pr Béatrice Bouvard, CHU d’Angers
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