L’arthrose digitale est particulièrement fréquente chez la femme après 50-55 ans. Sa prévalence est estimée à 38 % chez la femme et à 24 % chez l’homme.
« L’influence du sexe est nette puisque la prévalence féminine dépasse de 50 % celle observée chez l’homme, au-delà de 70 ans. L’écart entre les sexes augmente avec l’âge », souligne le Dr Laurent Grange (CHU de Grenoble).
De nombreux facteurs sont impliqués. Tout d’abord, un terrain héréditaire (il existe des formes familiales d’arthrose digitale) et des facteurs hormonaux : les chondrocytes possèdent des récepteurs aux estrogènes et leur stimulation provoque la synthèse de facteurs de croissance. Après la ménopause, il y a une diminution de la synthèse de ces facteurs. L’obésité apparaît également comme un important facteur de risque de développement de l’arthrose du genou, mais aussi de la main, par le biais de médiateurs systémiques comme les adipokines. Enfin, le surmenage fonctionnel (rhizarthrose des coiffeuses par exemple) et les microtraumatismes sont des facteurs fréquemment évoqués.
Souvent déformante, l’arthrose peut altérer profondément la qualité de vie en rendant difficile la réalisation d’activités quotidiennes et avoir un impact majeur sur la vie professionnelle, comme l’a montré l’enquête STOP Arthrose.
Garder une bonne mobilité des articulations
L’arthrose digitale siège préférentiellement au niveau des articulations interphalangiennes distales des doigts (entre la 2e et la 3e phalange) et proximales ainsi qu’au niveau de la racine du pouce (rhizarthrose). L’arthrose métacarpophalangienne est beaucoup plus rare.
Qu’il s’agisse de l’arthrose digitale ou de la gonarthrose, le traitement a pour but de soulager la douleur, d’éviter les déformations et de garder une bonne mobilité des articulations. Il associe des modalités non pharmacologiques et pharmacologiques et doit être individualisé selon la localisation, les signes inflammatoires, la qualité de vie…
Le traitement non pharmacologique comprend l’information et l’éducation de la patiente, des exercices réguliers afin de maintenir la mobilité articulaire (notamment avec des ergothérapeutes), le port d’orthèses et l’application de chaleur locale (paraffine, ultrasons) en cas d’arthrose digitale, l’utilisation d’aides techniques (cannes, semelles) en cas de gonarthrose, la réduction de la surcharge pondérale, les cures thermales et la kinésithérapie.
En cas de crise douloureuse, le traitement médical est indiqué. Le paracétamol est l’antalgique de première intention par voie orale. Les antalgiques de palier 2 peuvent être utilisés. Les AINS en topiques locaux (gel ou emplâtres médicamenteux) et par voie orale à la dose efficace la plus faible et pour la durée la plus courte sont utilisés chez les patients qui ne répondent pas au paracétamol.
Les infiltrations cortisoniques sont indiquées en cas de poussée douloureuse de la gonarthrose surtout si elle s’accompagne d’un épanchement et dans la rhizarthrose.
« Entre les crises, les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (sulfate de glucosamine, chondroïtine sulfate, insaponifiables d’avocat et de soja…) soulagent de nombreux patients. Leur déremboursement va certainement entraîner un report de prescriptions vers les AINS avec des risques iatrogènes importants », déclare le Dr Grange. Les injections intra-articulaire d’acide hyaluronique se pratiquent surtout dans les genoux (les injections dans le pouce ne sont pas remboursées).
« Dans les formes très érosives, le méthotrexate peut être utile (hors AMM). Les anti-TNF alpha n’ont pas montré d’efficacité dans l’arthrose : des essais sont en cours avec un anti-IL6 », explique le Dr Grange.
La chirurgie est envisagée après échec des traitements conservateurs, en cas de douleurs rebelles associées à une gêne fonctionnelle majeure.
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