Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) de l’enfant sont rares (500 à 1 000 AVC par an en France), soit un AVC chez l’enfant pour 100 chez l’adulte toutes étiologies confondues. Leur incidence varie selon l’âge, avec un pic principal chez le nouveau-né, puis elle diminue pendant l’enfance pour augmenter à nouveau à l’adolescence. « Si les AVC sont rares, leurs conséquences durent des dizaines d'années, bien plus longtemps que chez les adultes qui décèdent globalement dans les trois ans suivant l’AVC ; la gestion de ces séquelles sur le long terme confère aux AVC de l’enfant un poids humain, économique et social bien plus important que chez l'adulte, et on estime que 10 % des patients vivant avec des séquelles d’AVC l’ont fait dans l’enfance », note le Dr Chabrier.
Sur le plan étiologique, on ne retrouve pas bien entendu les facteurs de risque habituels - tabac, diabète, cholestérol, HTA, sédentarité- et on est le plus souvent confronté à des causes plus aiguës et plus transitoires, AVC ischémique néonatal du peri-partum, puis, plus tard, principalement des pathologies infectieuses responsables d’artérites cérébrales et d’infarctus, au premier rang desquelles la varicelle ainsi que des malformations vasculaires qui se révèlent généralement chez l’enfant par un AVC.
Enfin, troisième spécificité, le fait que l’AVC survienne chez un être en pleine maturation, avec des complications susceptibles de se manifester au cours du développement qui ne permettent pas de considérer que les séquelles sont définitivement stabilisées jusqu'à la fin de la croissance. Ce qui impose un suivi à très long terme, avec un projet rééducatif qui devra être rediscuté régulièrement avec l’enfant, sa famille, les équipes de soins et le milieu scolaire pour ajuster au plus près cette rééducation à l’évolution de la pathologie.
Prévenir les complications et pallier les déficiences
La rééducation a deux objectifs principaux. Elle est indispensable pour prévenir les conséquences secondaires de l'AVC survenant au fur et à mesure de la croissance, comme les complications orthopédiques avec, en particulier, le risque de scoliose, d’enraidissement. Elle s'attache à pallier les diverses déficiences au fur et à mesure de leur apparition, comme les troubles du langage ou les atteintes cognitives pour lesquelles on manque cependant d'outils actuellement. « On ne rappellera jamais assez qu'une rééducation de qualité doit s’inscrire dans un projet de vie pour l’enfant ; de nombreux parents souhaiteraient faire toujours plus de rééducation dans l'espoir d'une meilleure progression, et dans certaines familles la rééducation occupe toute la place dans l'emploi du temps de l'enfant, au détriment de sa vie sociale et de son développement et de tout ce qui fait la vie d'un enfant, sa famille, l’école, les loisirs, les copains, le sommeil, etc. Alors qu'on sait que les voies développementales de l'enfant handicapé sont les mêmes que celles des autres enfants, et qu'il doit mener la vie la plus normale possible », insiste le spécialiste. La rééducation doit s'inscrire dans un projet de vie et comme ce projet de vie, elle doit être réévaluée régulièrement pour mettre en place les aménagements nécessaires.
Prise en charge précoce ou non, le débat reste ouvert
« Des données récentes d’imagerie fonctionnelle sur la plasticité cérébrale et sa modulation par des prises en charge rééducatives précoces sont en faveur d’une action thérapeutique dès qu’un déficit est observé au cours du suivi systématique des enfants après un AVC », remarque le Dr Chabrier. Partant du principe que des séquelles apparaîtront de toute façon, certains voudraient débuter très tôt la rééducation tandis que d'autres experts seraient plutôt partisans d'une surveillance attentive afin de démarrer la rééducation en cas de difficulté et ou d'apparition des déficits. « On attend beaucoup d'une session consacrée à un débat entre rééducation précoce et attitude attentiste », conclut le neuropédiatre.
D’après un entretien avec le Dr Stéphane Chabrier, coordonnateur du Centre national de référence de l’AVC de l’enfant, CHU de Saint-Étienne
(1) http://www.chu-st-etienne.fr/avcpediatrie
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