Les suspicions d’allergie médicamenteuse, notamment aux antibiotiques et principalement aux bêtalactamines, concernent de 5 à 10 % des enfants, alors que les allergies ou hypersensibilités vraies sont rares. Cela n’est pas sans conséquence car ces enfants, étiquetés allergiques, reçoivent des antibiotiques alternatifs, souvent moins efficaces, ce qui se traduit par une morbidité et des résistances bactériennes accrues.
Face à une réaction à un antibiotique, il faut donc préciser sa chronologie (immédiate ou retardée) et son mécanisme (immunologique ou non).
Les réactions immédiates, qui surviennent dans l’heure suivant la dernière prise du médicament, évoquent un mécanisme IgE-médié qui expose potentiellement l’enfant au risque d’anaphylaxie en cas de nouvelle exposition.
Les réactions non-immédiates ou retardées, qui surviennent plus d’une heure après le début du traitement, en général dans les heures ou jours qui suivent, sont principalement médiées par les lymphocytes T. Le risque d’anaphylaxie est alors celui de la population générale.
Les réactions IgE-médiées entraînent le plus souvent des manifestations cutanées, à type d’urticaire ou d’œdème, parfois respiratoires (asthme, rhinite), rarement anaphylactiques et exceptionnellement digestives. Les réactions médiées par les lymphocytes T sont plutôt à type d’urticaire ou d’exanthème maculopapuleux.
Un bilan en un ou deux temps
En pratique, un enfant présentant une réaction immédiate possiblement IgE médiée doit être adressé pour un bilan par prick-test et/ou IDR, à lecture immédiate. Si ce bilan est positif, l’allergie est confirmée. S’il est négatif, un test de provocation par voie orale est effectué en hôpital de jour pour confirmer ou, le plus souvent, éliminer une hypersensibilité immédiate.
En cas de réaction retardée, il faut rechercher des signes de gravité ou d’alerte : érythrodermie, bulles/vésicules, érosion des muqueuses, cocardes, éruption douloureuse ou prolongée de plus de 7 à 10 jours, ou encore atteinte organique. Leur présence impose une prise en charge spécialisée sans attendre. En l’absence de signes de gravité, situation la plus fréquente, un test de provocation par voie orale est directement réalisé, selon des modalités qui sont encore discutées (en hôpital de jour ou en consultation).
Une pratique à bannir à la maternité
Une autre situation fréquente en pratique quotidienne est le recours aux biberons de complément chez les nouveau-nés allaités au sein à la maternité. Cette pratique, qui concernerait plus de 80 % des nouveau-nés, le plus souvent par solution de facilité et non pas pour une cause valable, doit être bannie car elle augmente le risque ultérieur d’allergie aux protéines du lait de vache (APLV). C’est ce que confirme une étude cas-témoin à laquelle près de 300 pédiatres ont participé. Si les biberons de complément donnés au cours du premier mois ne semblent pas accroitre ce risque, deux autres facteurs de risque indépendants d’APLV ont été retrouvés dans cette étude : les antécédents familiaux d’allergie, ce qui n’est pas une surprise, et l’exclusion des produits laitiers au cours de la grossesse.
Communications du Dr Guillaume Lezmi, Paris et du Pr Patrick Tounian, Paris
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