Le rôle des infections virales dans la survenue des atteintes respiratoires avec sifflements chez l'enfant au cours des premières années de la vie est aujourd'hui bien établi. Deux virus ubiquitaires sont particulièrement en cause : le virus respiratoire syncytial (VRS) et les rhinovirus (RV). Ces virus peuvent entraîner des infections peu, voire pas, symptomatiques tout comme des infections respiratoires basses sévères qui, dans des études longitudinales, se sont montrées associées à un risque accru de développer un asthme au cours de l'enfance. Certains cofacteurs semblent être impliqués dans le degré de sévérité des infections virales aiguës et dans ce risque même. Ils découlent notamment de l'espèce ou du sous-groupe viral, qui peuvent influencer la virulence. C'est le cas de certains types de réplication pour le VRS, ou encore des sous-types A et C des RV, qui sont associés à des infections aiguës plus sévères et à des sifflements plus fréquents (lire aussi p 8).
Des caractéristiques génétiques de l'hôte peuvent également jouer un rôle dans la réponse aux infections virales. Des travaux ont par exemple montré qu'un certain polymorphisme du récepteur du RV-C augmente l'expression d'une protéine à la surface des cellules épithéliales pulmonaires et que les enfants porteurs de ce polymorphisme développent plus facilement des infections aiguës, et peut-être ensuite un asthme, via le remodelage bronchique.
Le microbiome pulmonaire est lui aussi un important cofacteur d'infections avec sifflements chez les enfants d'âge préscolaire. Dans la cohorte de Copenhague, la présence, dans les sécrétions nasales, de certaines bactéries pathogènes et de virus respiratoires banals va de pair avec un risque accru de sifflements.
Le microbiome au cœur des préoccupations
D'autres études suggèrent une interaction délétère entre virus et bactéries pathogènes dans le développement de pathologies respiratoires. Notamment, l'une d'elle, qui avait analysé les sécrétions nasales chez plus de 300 enfants au moment des pics d'infections virales (en avril et en septembre), a montré que la mise en évidence d'un virus, en particulier de types RV-A et RV-C, était fortement associée à la présence de bactéries pathogènes telles que H. influenzae, M. catarrhalis et S. pneumoniae. De plus, les infections patentes étaient plus fréquentes en cas de détection simultanée de virus et de bactéries. Quant aux bactéries commensales, elles étaient plus nombreuses au cours d'infections asymptomatiques et en nombre plus réduit en cas d'exacerbations. Un constat qui suggère que la balance entre bactéries pathogènes et commensales pourrait avoir un impact sur la sévérité des symptômes et le risque d'exacerbations.
Plusieurs résultats, notamment ceux de la CAS (Children's asthma study) soulignent aussi le rôle de l'allergie et des interactions entre sensibilisation allergénique, infection virale et microbiome : les sifflements tendent à être transitoires chez les enfants non allergiques, alors qu'ils persistent et évoluent plus volontiers vers un asthme chez les enfants allergiques.
Il faut désormais mieux comprendre ces interactions pour développer des stratégies préventives des infections respiratoires avec sifflements et de l'asthme. Pour le Pr James Gern, les antibiotiques, du fait de leur impact potentiellement délétère sur le microbiome et de l'augmentation des résistances bactériennes, ne sauraient être une bonne solution.
Session plénière "Viral and bacterial coinfections in asthma". D'après James E. Gern, Madison, États-Unis.
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