PARMI LES nombreuses approches non médicamenteuses proposées aux patients douloureux chroniques, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont suscité d’abondantes publications depuis une dizaine d’années. Ces TCC mettent l’accent sur le coping, en anglais, c’est-à-dire la capacité à s’adapter, à faire face. Elles utilisent l’apprentissage de la relaxation et de la gestion du stress et l’exposition progressive aux situations redoutées. Plus récemment, est apparue l’acceptance commitment therapy (ACT-mindfulness-based stress reduction), technique de méditation définie comme « un moment d’attention et de pleine conscience sans jugement ». Ces techniques, bien évaluées dans la dépression, l’ont été également dans la douleur. De nombreuses études en ont montré l’efficacité au cours de la polyarthrite rhumatoïde, de la sclérose en plaque, de certains cancers, de la fibromyalgie. Elles ont un impact sur la douleur mais, surtout, elles permettent une meilleure acceptation de celle-ci ; elles améliorent la fonction, l’anxiété et la qualité de vie. Dans ces approches, le maintien des résultats nécessite une réactivation régulière. Dans cet objectif, le suivi téléphonique paraît intéressant.
Les techniques de relaxation avec imagerie mentale, le biofeedback et l’hypnose donnent également des résultats intéressants dans les douleurs chroniques.
Quant aux exercices physiques, ils ont démontré leur efficacité au cours de la fibromyalgie, de la lombalgie et de l’arthrose.
L’efficacité de l’acupuncture vis-à-vis de la douleur chronique est controversée. Il semble que des mécanismes intercurrents interviennent, qui ne sont pas directement attribuables à la technique acupuncturale. Quoi qu’il en soit, l’analyse des études conduit à revoir à la baisse les appréciations parfois dithyrambiques sur cette méthode.
La stimulation magnétique transcrânienne répétitive a fait l’objet de nombreuses études qui montrent une efficacité à court terme sur les douleurs et la fonction ; cette méthode semble donc intéressante si elle est effectuée régulièrement.
Arts martiaux.
Plus surprenant : le Taï-chi semble avoir un effet bénéfique dans certaines douleurs chroniques. Ainsi, dans la fibromyalgie, une étude coût/bénéfice comparant un groupe Taî-chi et un groupe stretching (méthode dont on sait qu’elle est inefficace dans cette pathologie) rapporte une amélioration des scores de douleur et de qualité de vie et, au total, une diminution des soins entraînant une baisse des coûts directs et indirects liés à la maladie.
Les consultations par Internet, avec, pour certaines, des modules vidéo, se développent beaucoup actuellement. L’efficacité devra en être rigoureusement évaluée. On peut s’interroger sur l’impact de ces traitements à distance, étant donné l’importance, dans ces prises en charge, de la relation patient soignant. Pour le Dr Françoise Laroche, « ces approches non médicamenteuses n’ayant pas d’effets rémanents, les modules à distance par Internet peuvent être intéressants en relais d’une prise en charge par un soignant ou en alternance avec celle-ci. Étant donné les difficultés que nous avons pour revoir les patients, ces traitements à distance peuvent être utiles pour entretenir l’effet du traitement initial. »
L’impact de ces différentes approches, explique le Dr Laroche, résulte très probablement de l’association d’une composante spécifique (information, compréhension, travail de relâchement musculaire, reprise d’activité physique fractionnée) et d’une composante non spécifique (encouragement, amélioration de l’efficacité personnelle…)
D’après la communication du Dr Françoise Laroche (Paris).
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