La problématique de l’utilisation du chaud ou du froid en traumatologie soulève la question des différentes étapes de la cicatrisation, en fonction des tissus, pour pouvoir justifier le recours préférentiel à l’une ou l’autre modalité. Quel que soit le tissu touché, il apparaît essentiel de limiter l’extension initiale de la lésion. Puis, il convient de respecter la phase inflammatoire de détersion de quelques jours. « Au-delà de cette phase initiale salutaire, il semble que la persistance d’une phase inflammatoire chronique soit plutôt néfaste pour la cicatrisation. Ce phénomène est notamment observé dans les tissus osseux, cartilagineux et tendinoligamentaire », explique le Pr Marc Julia (Montpellier).
Cryothérapie : réduire la douleur et l’hématome
La cryothérapie est utilisée pour induire une analgésie, diminuer la réaction inflammatoire, lutter contre la formation œdémateuse et réduire l’hématome. Ces différents effets s’expliquent par une baisse de la vitesse de conduction nerveuse, de la perméabilité vasculaire induite par la vasoconstriction, et de la température intramusculaire. Le protocole POLICE (Protection optimal loading ice compression elevation) est largement utilisé dans la prise en charge aiguë des pathologies musculosquelettiques. « L’application locale de cryothérapie (pack de glace, gel congelé, gaz réfrigérant) est le traitement de base dans la prise en charge aiguë des entorses, contusions, fractures et épanchements articulaires. Les cycles de dix minutes de cryothérapie intermittente sont entrecoupés de dix minutes de pause. Cela permet de réduire la température tissulaire de 10 à 15 °C et ainsi de diminuer la douleur de manière significative. Cependant, cette analgésie est de courte durée : entre 15 et 30 minutes après l’application », précise Benjamin Ben Zaki (kinésithérapeute à Montpellier). La cryothérapie compressive est également utilisée dans les protocoles postopératoires d’orthopédie, afin de limiter la prise d’antalgiques, avec une baisse notable de la douleur rapportée par les patients.
La cryothérapie corps entier, dans un caisson laissant la tête à température ambiante, a gagné en popularité ces dernières années, aussi bien chez le sportif (récupération après exercice) que chez les personnes atteintes de pathologies chroniques (réduction de la douleur et de la fatigue, amélioration du bien-être et du sommeil). Le protocole le plus répandu est l’exposition de deux à quatre minutes à des températures extrêmes comprises entre -110 °C et -140 °C. La température du corps descend à moins de 35 °C. La cryothérapie immersive (bains d’eau froide à 6 °C) permet également de favoriser la récupération. Toutefois, ces protocoles sont appliqués de manière empirique.
La thermothérapie, dans un deuxième temps
L’application de chaleur sur le corps peut se faire par plusieurs mécanismes : conduction (par contact : bouillotte, coussins chauffants, cataplasmes…), convection (par transfert de chaleur : douche chaude…), rayonnement, et plus récemment par diathermie par ondes courtes, ultrasons… La thermothérapie soulage la douleur, augmente la température des tissus (qui favorise la régénération tissulaire en fournissant des protéines, des nutriments et de l’oxygène sur le site de la blessure), le flux sanguin et l’extensibilité du tissu conjonctif. Une hausse d’un degré de la température des tissus est associée à une augmentation de 10 à 15 % du métabolisme tissulaire local. Cela facilite le processus de guérison, en favorisant les réactions cataboliques et anaboliques nécessaires pour dégrader et éliminer les sous-produits métaboliques, et fournit le milieu pour la réparation tissulaire. « Ainsi, la thermothérapie pourrait aussi être appliquée en phase aiguë, après lésion musculaire. Cependant, l’hématome est une contre-indication à l’application du chaud, et en aigu (dans les cinq minutes à cinq heures post-lésionnelles) sa présence est difficile à déterminer », souligne Hugo Vasse (kinésithérapeute du sport). En revanche, dans la lombalgie, la thérapie par enveloppement thermique permet une réduction de la douleur.
Ainsi, les données actuelles tendent à proposer des thérapies combinant le froid (surtout en aigu), puis le chaud. Pour la récupération après une compétition, on utilisera le froid, alors que pour faire progresser le sportif, on aura recours au chaud. De même dans l’arthrose, le froid sera privilégié en cas de poussée, et le chaud en phase chronique.
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