Une porte d’entrée unique pour l’accès aux soins

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Publié le 02/06/2021
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Futur chef d’orchestre de l’accès aux soins, urgents ou non, le service d’accès aux soins (SAS) réunit ville et hôpital pour une prise en charge intégrant l’accès aux soins primaires et les urgences vitales. Retour d’expérience d’un des centres pilotes, en Moselle.
Un outil agrégera au niveau national tous les rendez-vous disponibles dans la journée

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Crédit photo : phanie

Les Samu reçoivent 30 millions d’appels par an pour 18 millions de personnes prises en charge. Sur les autres numéros, notamment les pompiers, les trois-quarts des appels concernent aussi la santé. « Or, parmi ces appels, beaucoup sont en lien avec des problématiques de médecine générale. En Moselle, où nous avons intégré des médecins généralistes (MG) à la régulation depuis 1993, un peu plus de la moitié des appels (55 %) relèvent de leur activité. Il y a donc matière à revoir l’organisation des urgences. C’est l’idée du SAS, le service d’accès aux soins, issu du pacte de refondation des urgences lancé fin 2019, avec une vision transversale des urgences intégrant régulation, prise en charge et lits d’aval », explique le Pr François Braun (CHR Metz Thionville).

Deux filières, urgences et médecine générale

« Le SAS, avec un point d’entrée unique, doit donner au patient accès à un médecin de régulation qui, en fonction de la gravité, va chercher la meilleure solution de prise en charge, à l’hôpital ou en ville. Il comprend donc deux filières, une d’urgence et une autre de médecine générale », souligne le Pr Braun.

En 2020, 28 projets et sites pilotes associant ville et hôpital ont été lancés. C’est notamment le cas en Moselle. « L’objectif est de donner une première réponse en 30 secondes. Dans cette optique, un décroché bi-niveau a été adopté », explique l’urgentiste. En pratique, l’appel arrive à un premier assistant de régulation médicale, un professionnel formé en un an. Après seulement deux à trois questions, l’appel est basculé à un second niveau, soit vers les urgences (urgences vitales et aide médicale urgente), soit vers l’aide non urgente, régulée par un médecin généraliste.

« Le SAS fonctionne comme un chef d’orchestre, qui travaille avec la médecine d’urgence Samu, Smur, et de l’autre côté avec la médecine générale, qui comprend MG, sages femmes et infirmiers libéraux. À terme, il devrait d’ailleurs aussi intégrer les filières psychiatriques, gériatriques, de soins périnataux et une filière médico-sociale, pour une offre de soins complète », indique le Pr Braun.

Investissement progressif des libéraux

Comment fonctionne la filière libérale ? « De nombreux MG ont souvent un ou deux rendez-vous libres par jour. Pour pouvoir y affecter des patients, il faut des outils permettant de centraliser ces créneaux sur une seule plateforme numérique, accessible au SAS », explique le Pr Braun. Plusieurs systèmes existent déjà et un intégrateur national est en cours de développement.

L’entrée des libéraux suppose par ailleurs de mettre en place des conventions, et de recruter des assistants de régulation dédiés. Des discussions sont en cours avec la Cpam afin de revaloriser ces consultations « urgentes » des libéraux.

En Moselle, les premiers résultats obtenus sont satisfaisants. « On est à 95 % d’appels décrochés dans les 30 secondes, mais le but est d’atteindre les 99 %, note le Pr Braun. Il reste encore évaluer si les patients ont été bien orientés, combien ont dû rebasculer d’une filière à l’autre. Mais, avec le Covid-19, il faudra sûrement attendre 2022 pour voir clairement l’effet du SAS sur la gestion des urgences. » Les résultats des divers sites pilotes, qui ont testé des modèles organisationnels un peu différents, seront comparés, pour retenir ce qui fonctionne le mieux.

Entretien avec le Pr François Braun (CHR Metz Thionville)

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du médecin