Quand la bûche reste sur l'estomac

Publié le 30/11/2015
bûche

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Crédit photo : DR

Noël 2012 s’est prolongé jusqu’au 2 janvier 2013 pour les Drs Georges Hayek et Gaspard D’Assignies, radiologues à l’hôpital Beaujon (Clichy). Ce jour-là, ils réalisent un scanner abdominal à une patiente de 72 ans, admise aux urgences en raison de douleurs périombilicales évoluant depuis 3 jours. L’examen clinique retrouve un fébricule à 38 °C ainsi qu’une défense localisée à droite. Les analyses biologiques confirment l’existence d’un syndrome inflammatoire (CRP 256 mg/L, GB 19 300/mm3). Un rétro-pneumopéritoine est diagnostiqué au scanner, en lien avec une perforation du troisième duodénum.

L’objet de la perforation nous a replongés dans la période de Noël. En effet, le duodénum de la patiente a été perforé par une... hache décorative en plastique vert de 2 cm de long qui provenait de la bûche qu’elle avait mangé 7 jours auparavant,

explique au « Quotidien » le Dr Georges HayekLeur cas clinique a été publié dans le prestigieux « New England Journal of Medicine » le 26 décembre 2013. Un joli clin d’œil à Noël !

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Source : « New England Journal of Medicine »

Un risque de perforation secondaire du transit

Ce sont les enfants de 6 mois à 6 ans qui sont majoritairement concernés par l’ingestion de corps étrangers. La Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED) précise dans ses recommandations qu’une endoscopie n’est nécessaire que pour 10 à 20 % des patients, en particulier en raison du risque de perforation digestive. Ces complications ne surviennent que dans 1 % des cas et nécessitent toutes une intervention chirurgicale.

Un geste endoscopique est nécessaire lorsque le corps étranger est coincé au niveau de l’œsophage. Il est aussi indiqué en cas d’ingestion d’objet tranchant même si celui-ci a déjà atteint l’estomac car le risque de perforation secondaire au cours du transit est évalué à 35 % [1]. Ces complications interviennent au niveau des angles physiologiques ou des diminutions de calibre de la lumière digestive.

Si l’ingestion de « hache de bûche de Noël » est exceptionnelle, des perforations digestives hautes sont rapportées avec des objets aussi variés que des os, des arrêtes de poissons, des trombones, des cure-dents, des morceaux de verre ou de plastique...

[1] ASGE Standards of Practice Committee. Management of ingested foreign bodies and food impactions. Gastrointestinal Endoscopy Volume 73, Issue 6, June 2011, Pages 1085–1091. doi:10.1016/j.gie.2010.11.010

Voir notre dossier « Pathologie de Noël »

Dr I. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr