« Promouvoir une radiologie innovante et équitable, c’est assurer l’accès à des soins radiologiques de qualité pour tous les patients, quels que soient leur origine géographique et leur degré d’autonomie, souligne la Pr Hélène Vernhet-Kovacsik (CHU de Montpellier), présidente de cette édition du congrès des JFR. C’est, pour les radiologues, une priorité que de permettre une disponibilité accrue des équipements sur l’ensemble du territoire en perspective de l’augmentation des besoins. »
En imagerie diagnostique, on sait que certains territoires connaissent une paupérisation médicale et radiologique, qui rend difficile l’accès aux techniques les plus modernes, et en particulier l’IRM. Le conseil national professionnel de radiologie et imagerie médicale, dit « G4 », associe les quatre composantes de la radiologie française − Collège des enseignants en radiologie de France, Fédération nationale des médecins radiologues, Société française de radiologie (SFR) et syndicat des radiologues hospitaliers −, ce qui lui permet de parler d’une seule voix avec les institutions.
Chaque territoire ayant sa problématique propre, chaque région a son G4, qui est le plus apte à proposer les solutions les mieux adaptées en coordonnant tous les acteurs, hospitaliers ou libéraux, afin d’essayer de résoudre au mieux les problèmes d’accessibilité locaux.
Concilier performance technologique et accès aux soins
La radiologie est certes une spécialité de plus en plus sophistiquée, et certains actes ne sont réalisés que dans des centres experts, mais cela ne concerne finalement qu’une mince frange de la population, pour des pathologies peu fréquentes ou du domaine de la recherche. « À l’heure actuelle, nos machines de scanner et d’IRM sont assez polyvalentes ce qui permet d’assurer, pour la très grande majorité des patients, des examens complets, se félicite la Pr Vernhet-Kovacsik. Ce qui est important, c’est d’avoir une activité en radiologie 24 h/24 sur tout le territoire. » L’imagerie vient en effet souvent en première ligne dans les urgences, qu’il s’agisse de prendre en charge des traumatismes, des hémorragies ou de réaliser une thrombectomie. L’organisation régionale doit donc pouvoir assurer une réponse à tous ces problèmes, quel que soit le mode de transport utilisé.
Mais, pour les pathologies plus chroniques, les équipements sont insuffisants, en particulier pour l’IRM, et on doit parfois se limiter à un scanner faute de d’accès rapide à cet examen. En dehors des pathologies cancéreuses où le système est bien rodé, il faut attendre parfois trois mois dans d’autres cas. La France a encore des progrès à faire : elle ne figure même pas dans le top 10 en Europe en termes du nombre d’IRM !
Plus de machines mais aussi plus d’humain(s)
Et, si on manque de machines, on manque aussi et surtout de radiologues. Le numerus clausus n’a pas augmenté. En Occitanie par exemple, on sait que, dans les 5 ans à venir, on ne renouvellera qu’un tiers des radiologues. « Nous sommes très inquiets dans ces conditions de savoir comment et sur quels critères les patients auront accès à aux soins d’imagerie qu’on peine à faire déjà actuellement », prévient la Pr Vernhet-Kovacsik. Et ce n’est pas la téléradiologie, pas toujours possible et qui ne peut se passer de soignant, ni l’intelligence artificielle, plutôt un outil d’aide au diagnostic, qui résoudront ces problèmes.
La demande des patients va dans le même sens que celle des radiologues : ils demandent un rendez-vous rapide, mais aussi une imagerie qualitative et des radiologues qui leur expliquent le compte rendu de l’examen. Les praticiens y sont fondamentalement attachés mais c’est parfois concrètement impossible, du fait du rythme imposé.
Des gestes mini-invasifs accessibles aux plus vulnérables
La radiologie interventionnelle ne fait pas exception. Cette spécialité a trois objectifs : proposer des actes moins invasifs à des patients qui ne peuvent être opérés, les garder à domicile, avec par exemple la pose de cathéters veineux centraux, type picc line, pour les traiter sans les hospitaliser, et restaurer la fonctionnalité et l’autonomie, avec des vertébroplasties ou le traitement de la douleur. « Là aussi, nous manquons de praticiens, mais nous travaillons sur des transferts de compétences à des manipulateurs pour certains actes très ciblés comme la pause des picc line », explique la Pr Vernhet-Kovacsik.
Pour informer patients et médecins, le site SFR-patients propose une application en ligne (1) afin de géolocaliser le centre le plus proche assurant des traitements listés, comme la douleur, la gêne pelvienne, les problèmes de prostate.
Exergue : Plus que des machines d’exception, ce qui est important, c’est d’avoir une activité en radiologie 24 h/24 sur tout le territoire
Entretien avec le Pr Hélène Vernhet-Kovacsik, Présidente des JFR 2021, CHU de Montpellier
(1) https://patient.radiologie.fr/fr/traitements-guid%C3%A9s-par-limage/tro…
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