En 2018, la Société française d'endoscopie digestive (SFED) a défini les critères de qualité de la coloscopie transposables aux pratiques professionnelles françaises, sous l'égide du Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie (CNP-HGE) et fondée sur les recommandations de l'European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE). Certains éléments incontournables doivent figurer sur le compte rendu de coloscopie afin de permettre une évaluation des pratiques, par exemple la qualité de la préparation colique, le taux d'atteinte du cæcum, la description détaillée des lésions et de la technique de résection ainsi que la survenue de complications et leur prise en charge. Seul le fait de consigner ces éléments permet de juger de la qualité d'une coloscopie et d'en extraire des indicateurs tels que le taux de détection des adénomes ; celui-ci restant l'un des paramètres majeurs de qualité des pratiques de l'endoscopie.
À la lumière de ces guidelines françaises, la Dr Catherine Noël, chef de clinique en hépato-gastroentérologie au CHRU du Brest, a repris 1 401 comptes rendus de coloscopie rédigés à l'issue d'un examen réalisé pour un test immunologique positif dans le cadre de la campagne de dépistage organisé du cancer colorectal pendant l'année 2016 dans le département du Finistère. En large majorité, les coloscopies étaient pratiquées par des gastroentérologues libéraux (1 135) ; les 266 restantes l'étaient par des gastroentérologues hospitaliers. D'après son analyse, « les deux tiers des comptes rendus de coloscopie étaient de bonne qualité et répondaient aux exigences de la SFED », résume la Dr Catherine Noël.
Une standardisation nécessaire
947 comptes rendus décrivaient au moins une lésion colique. Le nombre et le site des lésions détectées étaient alors renseignés dans 98,9 % et 95,3 % des cas. La taille estimée des lésions figurait dans 84,3 % des comptes rendus et les modalités d'exérèse des polypes étaient décrites dans 84,8 % des cas. « Seuls 64,2 % des comptes rendus présentaient au moins 4 des 5 critères majeurs devant y figurer ; les photographies, les critères de Boston étant les données manquantes les plus fréquentes, relève la Dr Noël. Globalement, la complétude des critères majeurs ne différait pas selon le mode d'exercice des gastroentérologues ».
Dans le détail, le nom du médecin correspondant était renseigné dans 58,5 % des cas et le type de préparation indiqué dans 51,1 % des cas. Des remarques sur la qualité de la préparation figuraient sur 90,6 % des comptes rendus, mais le score de préparation de Boston n'était utilisé que dans 35 % des cas. Concernant les lésions découvertes, « leur aspect macroscopique était décrit dans 76,4 % des comptes rendus », souligne Catherine Noël. Par ailleurs, aucun des comptes rendus ne rapportait la survenue de complications au cours de la coloscopie. Une iconographie était jointe dans à peine un cas sur dix. « Dans une dynamique globale d'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, en déduit-elle, ces résultats doivent faire prendre conscience que les gastroentérologues doivent tout mettre en œuvre pour réaliser des examens endoscopiques de qualité irréprochable et le compte rendu standardisé de la coloscopie y participe pour beaucoup ! ». La diffusion de recommandations 2018 de la SFED pour l'utilisation de comptes rendus de coloscopie standardisés et informatisés via des logiciels dédiés accessibles à tous les gastroentérologues mais inexistants à ce jour, sera la clé de l'évaluation des pratiques professionnelles.
Noel C. et al, Analyse des comptes rendus de coloscopie établis sur une année dans le cadre du programme de dépistage organisé du cancer colorectal dans un département français. Brest, JFHOD 2019
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