LE REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN (RGO) est-il aussi banal que cela ? Oui si l’on considère sa fréquence, car environ un tiers de la population présente un pyrosis. Mais il n’est pas toujours banal si l’on s’intéresse à ses conséquences.
Entre 5 et 10% des patients sont gênés tous les jours, avec un possible impact sur la qualité de vie, insuffisamment pris en compte. « Dès lors qu’un patient a des symptômes plus de trois fois par semaine, sa qualité de vie peut être altérée, par les symptômes eux-mêmes mais aussi par leurs répercussions notamment l’insomnie », souligne le Pr Etienne Dorval.
Autre conséquence possible : l’oesophagite, dont le risque et les complications ne doivent pas être sous-estimées. « Globalement, le RGO est sous exploré, sous médicalisé », note le Pr Dorval, qui insiste sur la nécessité de réaliser impérativement une endoscopie haute dans quatre situations, comme le recommandent la Haute autorité de santé et les sociétés savantes.
Risque d’œsophagite sévère.
Tout d’abord en cas de signes de reflux qui apparaissent après l’âge de 50 ans, où le risque d’oesophagite sévère est alors important. Ensuite en cas de signes d’alarme associés aux symptômes de reflux, tels qu’une perte de poids, une anémie, une hémorragie ou une dysphagie, où l’endoscopie haute représente l’exploration de première intention. Également en cas de signes atypiques, comme une douleur thoracique pseudo-angineuse, un enrouement ou une toux nocturne, qui ne sont pas toujours facile à rattacher à un RGO en l’absence de symptômes. La présence d’une oesophagite signe alors le diagnostic.
Enfin, chez un patient dont on pense qu’il a un RGO, mais chez lequel le traitement n’est pas efficace d’emblée, ou bien chez lequel les symptômes récidivent rapidement après 4 semaines de traitement.
Dans ce cadre, il faut d’une part contrôler les symptômes et, d’autre part, rechercher une oesophagite, qui, si elle est sévère, est à risque majeur de complications : sténose, hémorragie, cancer de l’oesophage.
L’oesophagite sévère nécessite un traitement au long cours.
Concernant le traitement médical du reflux, on assiste aujourd’hui à un engouement pour les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), qui sont prescrits à demi-dose, et à bonne dose voire double dose en cas d’oesophagite sévère.
IPP et anti-acides.
« Les IPP doivent être utilisés à bon escient et il ne faut pas oublier les anti-acides à la demande, qui sont indiqués chez les patients ayant des symptômes espacés », insiste le Pr Dorval.
La place de la chirurgie doit être rappelée. Elle n’est pas indiquée chez les patients dont les symptômes ne sont pas soulagés par le traitement médical, en particulier chez ceux présentant un trouble dyspeptique associé. Elle peut par contre être intéressante chez un sujet jeune, qui souffre d’une oesophagite sévère et ne veut pas prendre un traitement par IPP toute sa vie.
D’après un entretien avec le Pr Etienne Dorval, service d’hépato-gastro-onco-entérologie, hôpital Trousseau, CHRU, Tours.
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