L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé ce 12 octobre les gouvernements à taxer les boissons sucrées afin de combattre l'obésité, le diabète de type 2, et les soucis dentaires, dans le monde où un adulte sur trois est en surpoids.
Selon un nouveau rapport de l'OMS, il existe « des preuves croissantes » que l'imposition de taxes sur les boissons sucrées et les produits riches en sucres ajoutés, mais aussi en graisses saturées, et en sel « conduit à une réduction proportionnelle de la consommation ».
Augmenter les prix
Une augmentation de 20 % des prix de ces boissons entraînerait une réduction de la consommation de 20 %, et une augmentation de 50 % réduirait la consommation de moitié, a expliqué l'OMS. Ainsi au Mexique, qui a imposé en 2014 une taxe sur les boissons sucrées, provoquant une hausse de 10 % de leur prix, la consommation a été réduite de 6 %.
La France a instauré des taxes sur les boissons sucrées et édulcorées en 2012. La taxe sur les boissons avec sucres ajoutés s'élève à 7,16 euros par hectolitre, et a été augmentée à 7,50 euros en 2015, rappelle l'OMS. Les recettes furent d'environ 300 millions d'euros en 2014. « La consommation de soda a diminué, particulièrement chez les jeunes, les précaires, et les foyers avec des adolescents. La taxe semble avoir un effet positif en termes de santé publique », commente l'OMS, tout en soulignant le besoin de plus d'évaluation – ce à quoi appelaient déjà en 2014 des sénateurs dans un rapport sur la fiscalité comportementale. En juin dernier, un rapport parlementaire demandait l'augmentation de la taxe soda jusqu'à 21,47 euros par hectolitre.
Sucres ajoutés : moins de 10 %, voire 5 % de la consommation énergétique
« Si les gouvernements imposent une taxe sur des produits comme les boissons sucrées, ils peuvent réduire les souffrances et sauver des vies », a affirmé Douglas Bettcher, qui dirige le département prévention des maladies non transmissibles à l'OMS.
« Les politiques fiscales devraient viser les aliments et les boissons pour lesquels des alternatives plus saines existent », a estimé le rapport.
L'OMS estime que les sucres ajoutés devaient constituer moins de 10 % de la consommation énergétique quotidienne d'une personne, voire moins de 5 % pour en retirer des bénéfices sanitaires. Soit 25 grammes, ou l'équivalent de six cuillères à café de sucre par jour (une canette de boisson gazeuse représente 10 cuillères à café de sucre).
Des subventions aux fruits et légumes pour en réduire les prix entre 10 et 30 % représentent un autre outil intéressant pour améliorer les habitudes alimentaires, souligne l'OMS.
Doublement de la prévalence d'obésité en 30 ans
À l'échelle mondiale, le nombre de cas d'obésité a doublé depuis 1980. En 2014, plus de 1,9 milliard d'adultes (un tiers) étaient en surpoids, dont plus de 600 millions étaient obèses. Et 42 millions d'enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses en 2015 (+ 11 millions ces 15 dernières années). Près de la moitié d'entre eux vivaient en Asie, et un quart en Afrique.
Les signaux sont aussi dans le rouge pour le diabète : le nombre d'adultes en souffrant a explosé dans le monde en 35 ans, passant de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014, selon le premier rapport global de l'OMS publié en avril dernier. Le diabète est responsable directement de 1,5 million de décès en 2012, auxquels il faut ajouter 2,2 millions de décès causés par des maladies liées au diabète, ce qui fait un total de 3,7 millions de décès.
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