La Fédération française des diabétiques et l'Aide aux jeunes diabétiques (AJD) lancent ce 9 janvier une pétition pour faire évoluer la réglementation et les mentalités autour de l'accès à l'emploi des personnes diabétiques.
Pilote, militaire, marin, policier, pompier, hôtesse de l'air, etc. Certains métiers sont interdits aux diabétiques en raison de législations rendues caduques tant par l'évolution des métiers que des traitements (par exemple, l'École des mines, au titre que les ingénieurs qui devaient à l'époque descendre dans les mines devaient avoir une très bonne vision) ; d'autres professions leur sont très difficiles d'accès car soumises à certaines conditions physiques drastiques (par exemple, le protocole médical Sigycop, utilisé dans l'armée pour définir l'aptitude physique).
« Il y a encore beaucoup d'a priori anachroniques autour de cette maladie, sans parler de la confusion entre les deux types de diabète. Le monde du travail, les employeurs, la réglementation doivent changer, comme plus largement les mentalités, y compris dans le milieu médical », explique au « Quotidien » le Dr Marc de Kerdanet, pédiatre diabétologue et président de l'AJD, évoquant certains médecins du travail pas toujours au fait des dernières évolutions en diabétologie.
Progrès médicaux et éducation thérapeutique
Les progrès médicaux et technologiques de ces dernières années devraient jouer en faveur de l'ouverture des métiers, plaide le médecin, qui cite les nouvelles insulines plus rapides et les insulines d'action prolongée, les pompes pour adapter le débit de base aux besoins, les lecteurs de glycémie en continu, et les nouveaux dispositifs d'auto-surveillance. « Aujourd'hui, on peut vivre en bonne santé avec son diabète, anticiper les risques d'hypoglycémie, et adapter ses injections en fonction de son rythme de vie et d'alimentation », assure le Dr de Kerdanet.
Autre progrès de nature à faire bouger les lignes : le développement de l'éducation thérapeutique qui donne au patient « des compétences d'adaptation », souligne le pédiatre. « Il faut regarder la réalité d'aujourd'hui, et en finir avec des discriminations a priori et obsolètes », insiste-t-il.
Évaluation au cas par cas
L'AFD et la FFD, auteur d'un livre blanc sur ce sujet remis aux parlementaires en 2012 et d'une petite enquête en 2013, demandent dans leur pétition adressée aux candidats à la présidentielle la révision de toutes les interdictions obsolètes, à commencer par la police, le corps des ingénieurs, et le personnel navigant commercial. Pour les professions où des blocages persisteraient, « nous souhaitons des évolutions au cas par cas. On ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir de pompiers diabétiques, alors que certains sportifs le sont », précise le Dr de Kerdanet. Les associations réclament enfin la création d'un groupe interministériel qui réévalue annuellement la liste des professions interdites, au regard des évolutions technologiques et médicamenteuses, et l'inscription de ces engagements dans les programmes politiques des candidats à la présidence.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024