Concilier technologique et écologique ?

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Publié le 21/04/2023
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Les traitements du diabète sont très pourvoyeurs de déchets perforants et désormais de plus en plus dotés d’électronique. Tous les acteurs sont impliqués dans une démarche de développement durable, ce qui passe notamment par une bonne information des patients sur la gestion de leurs déchets.
80 % des plus de 2000 tonnes de déchets à collecter proviennent du diabète

80 % des plus de 2000 tonnes de déchets à collecter proviennent du diabète
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

« Concilier soins et développement durable est une préoccupation importante, qui nécessite une action de tous les acteurs, patients et associations de patients, soignants, industriels et organismes agréés », souhaite la Dr Sylvie Picard (CHU de Dijon), qui a échangé avec les principaux industriels sur cette problématique. Chaque geste compte, depuis la conception des produits, les conditions de production, les choix de conditionnement ou encore les modalités de recyclage. Un exemple parmi d’autres avec les stylos à insuline, en particulier le conditionnement des insulines lentes pour les schémas de remplacement sous pompe, actuellement de trois à cinq stylos, ce qui pourrait utilement être revu à la baisse.

Les industriels ont pris conscience des enjeux du développement durable, désormais intégrés dès le stade de recherche et développement : recours à des énergies renouvelables sur les sites de production, recyclage des déchets, sont autant de mesures concrètes prises dans l’objectif d’une neutralité carbone d’ici à 2030.

Un tiers des tris non effectués

Les patients doivent aussi être mieux informés sur la manière de gérer leurs déchets. Selon la dernière enquête de la Fédération française des diabétiques, deux tiers des patients gèrent correctement leurs déchets d’activités de soins à risque infectieux (Dasri), ce qui est positif… mais un tiers ne respectent donc toujours pas, ou de façon partielle, les bonnes pratiques : 15 % utilisent un contenant dédié, mais le jettent ensuite avec les déchets ménagers (11 %) ou dans le bac des recyclables (4 %) et 18 % jettent leurs Dasri en vrac, dont 7 % dans les déchets ménagers et 11 % dans le bac de tri sélectif. « Les patients sont souvent perdus face à une multitude de déchets devant être traités différemment. Ils doivent être mieux informés sur la façon de les gérer », souligne Robert Yvray, membre de l’Association française des diabétiques de Bourgogne Franche-Comté.

Une filière nationale dédiée

Au niveau national, l’éco-organisme Dastri, agréé en 2012 par les pouvoirs publics, réunit plus de 70 entreprises du médicament et du dispositif médical autour de trois missions : distribution gratuite des boîtes à l’ensemble des pharmacies de métropole et des Drom ; collecte et traitement des boîtes remplies de Dasri perforants par les bénéficiaires ; diffusion de l’information relative à cette filière nationale.

Quelque 36 pathologies sont concernées, dont le diabète, qui génère 80 % des plus de 2000 tonnes de déchets à collecter. Les boîtes jaunes sont destinées à la collecte des dispositifs médicaux perforants sans électronique, les boîtes violettes concernent les dispositifs médicaux avec électronique (e-Dasri), tels que les capteurs de glucose en continu ou les pompes patch.

« Le réemploi des boîtes est l’un des enjeux actuels pour réduire le bilan carbone de la filière », rapporte Laurence Bouret, déléguée générale Dastri, en précisant qu’un centre technique, le Dastri-Lab, devrait prochainement voir le jour en Bourgogne-Franche Comté. L’objectif est de tester de nouvelles organisations et de nouveaux équipements. La collaboration avec des ingénieurs vise notamment à prolonger la durée de vie ou faciliter la gestion de la fin de vie des e-Dasri.

Exergue : Les déchets avec électronique des boîtes violettes devront être mieux valorisés

Session « Diabète et développement durable/écologie »

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin