UNE INTERVENTION thérapeutique précoce s’impose en cas de fibrillation auriculaire (FA). Le traitement de première intention est fondé sur les antiarythmiques. En cas d’échec ou d’effets secondaires intolérables, l’ablation endocavitaire peut être proposée. En effet, la physiopathologie de la fibrillation auriculaire fait intervenir des circuits de rentrée multiples, qui changent constamment de taille et de direction.
Des foyers ectopiques participent au déclenchement de la FA alors que la pérennisation du trouble rythmique fait intervenir la notion de masse critique. Ces foyers ectopiques sont essentiellement situés au niveau des manchons musculaires qui entourent les veines pulmonaires. Ces zones peuvent ainsi faire l’objet d’une ablation par courant de radiofréquence.
Une technique longue et délicate.
La technique employée, longue et délicate, consiste à réaliser une déconnexion électrique de l’ensemble des veines pulmonaires en réalisant une ablation circulaire au niveau de la jonction entre l’oreillette gauche et chacune des veines pulmonaires. Décrite dans les années 1990, l’ablation n’a plus rien d’une technique expérimentale et elle est devenue une intervention qui se pratique en routine dans des centres expérimentés.
Chez des patients sélectionnés, chez lesquels l’indication de l’ablation est bonne, en particulier chez ceux qui n’étaient pas contrôlés par le traitement antiarythmique, les enquêtes mondiales et, en France en particulier, le registre EVABLAF, ont montré l’efficacité de l’ablation pour maintenir le rythme sinusal. Les effets secondaires sont toutefois bien réels, et ont été soulignés par ces travaux.
E. Arbelo et coll. ont constitué un registre prospectif destiné à préciser le pronostic à 12 mois de l’ablation pour FA. Ce travail a porté sur 1 410 patients issus de 10 pays d’Europe. L’objectif principal de ce registre, ouvert en octobre 2010 et clos en juin 2011, était de décrire les données épidémiologiques des patients chez lesquels une ablation pour FA a été pratiquée, de préciser les étapes diagnostiques et thérapeutiques mises en œuvre et enfin d’en déterminer le pronostic.
Les principales conclusions de ce travail ont montré que 75 % des patients chez lesquels une ablation a été pratiquée pour traiter une FA avaient entre 52 et 66 ans, un tiers d’entre eux avaient plus de 65 ans. Dans deux cas sur trois, ces malades avaient en moyenne deux récurrences de FA par mois. Dans 9 cas sur 10, ces récurrences étaient symptomatiques. La symptomatologie était variable, il s’agissait le plus souvent de palpitations, d’une dyspnée, de sensations vertigineuses, d’une douleur thoracique ou d’une perte de connaissance. Une cause sous-jacente à été mise en évidence pour la FA dans 60 % des cas seulement, essentiellement une hypertension artérielle ou une valvulopathie. Dans plus de 50 % des cas, les patients avaient un risque embolique important, justifiant un traitement anticoagulant pour la prévention du risque d’accident vasculaire cérébral.
Dans 90 % des cas, l’ablation a été justifiée par les symptômes cliniques. Une fois sur trois, les patients ont exprimé le double désir d’un rythme cardiaque normal, sinusal, sans prise d’antiarythmique.
Des complications majeures rares.
Les complications majeures comme une perforation cardiaque, un arrêt cardiaque ou un accident vasculaire cérébral ont été rares (1,2 % des cas). Des complications mineures, par exemple au point de ponction ou des troubles neurologiques transitoires, sont survenues chez 7 % des malades.
Lors de la sortie, un traitement anticoagulant a été prescrit chez 97 % des sujets, et un traitement antiarythmique dans 6 % des cas. Un seul décès est survenu pendant la durée du suivi. Il n’était pas en rapport avec l’ablation.
Ainsi, selon les données d’un registre européen qui a porté sur 1 410 patients, l’ablation pour FA est réalisée dans la quasi totalité des cas chez des patients symptomatiques et à risque embolique. Les complications majeures sont rares, elles ne concernent que 1,2 % des interventions. Enfin, un seul décès a été observé, sans rapport avec l’ablation elle-même.
D’après la communication d’Elena Arbelo (Las Palmas De Gran Canaria, Espagne).
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