« Aujourd’hui, on parle volontiers du virage ambulatoire que doit prendre notre système de santé. Mais, en cancérologie, il y a longtemps qu’il a été pris. Quand j’étais interne, je me souviens qu’il y avait déjà bon nombre de patients qui venaient prendre leurs traitements en hôpital de jour. Certes, aujourd’hui, nous avons franchi une nouvelle étape avec le développement de thérapeutiques orales prises au domicile. Mais la cancérologie a un savoir-faire, une culture de l’ambulatoire acquise pour gérer au mieux le problème de la sécurisation des parcours en dehors de l’hôpital », explique le Dr Mario Di Palma, oncologue médical, directeur médical de l’Hôpital américain de Paris, situé à Neuilly.
Cette question de la sécurisation de l’ambulatoire s’inscrit dans un contexte de forte innovation. De nouveaux traitements, parfois assez sophistiqués, arrivent sans cesse sur le marché, ce qui suppose de délivrer une information pointue quasiment en temps réel au patient et à tous les professionnels de santé libéraux qui le prennent en charge. « Nos efforts doivent d’abord être tournés vers le patient et son entourage. Car ce sont eux, bien sûr, qui se retrouvent en première ligne. Quand les traitements sont pris au domicile, l’observance est un enjeu majeur, et il est essentiel que le patient soit capable de gérer la toxicité des traitements et leurs effets secondaires », souligne le Dr Di Palma.
Gérer les effets secondaires
Selon lui, il est important d’apprécier l’intensité des effets secondaires, mais aussi leur durée et leur impact dans la vie quotidienne du patient : « L’enjeu est d’arriver à gérer la toxicité sur le long terme pour éviter les arrêts de traitement ou des prises intermittentes. J’ai eu une patiente dont le cas est assez significatif. C’était une jeune femme traitée avec une thérapeutique orale pour un cancer du rein. Sa tumeur était bien contrôlée par ce traitement. Mais, à un moment, elle a eu un problème de diarrhée de grade 1-2. A priori, on peut penser que cela n’est pas trop sérieux. Simplement, une diarrhée de ce grade se manifeste par des selles liquides plusieurs fois par jour, une contrainte que cette patiente n’arrivait plus à gérer dans sa vie sociale, à tel point qu’elle a failli arrêter son traitement. »
Cette sécurisation de l’ambulatoire repose aussi, dans une large mesure, sur les professionnels libéraux qui entourent le patient, en particulier son médecin traitant, l’infirmière libérale et le pharmacien. « Leur rôle est essentiel, car ils sont en première ligne. Il faut absolument les associer à la prise en charge des patients et mettre à leur disposition toutes les informations disponibles sur les thérapeutiques, en constante évolution. Ce n’est pas facile pour eux de se tenir au courant de toutes les innovations dans le domaine du cancer, d’autant plus qu’ils n’ont en général que quelques patients concernés par ces traitements. Il est donc indispensable d’être disponible pour répondre aux questions qu’ils peuvent se poser », insiste le Dr Di Palma.
Dans certains établissements, précise-t-il, ce dialogue est assuré par des infirmières de coordination : « Elles sont chargées d’assurer le suivi des patients, mais, dans bien des cas, elles sont aussi amenées à répondre aux professionnels libéraux. Par exemple, à l’Institut Gustave-Roussy, près de la moitié des appels qu’elles reçoivent proviennent de professionnels libéraux. »
D’après un entretien avec le Dr Mario Di Palma, directeur médical de l’Hôpital américain de Paris (Neuilly-sur-Seine)
Article précédent
Vers une trithérapie ciblée
Article suivant
Premières thérapies avec cellules CAR-T
Penser toute la chaîne de l’innovation
« Des rencontres placées sous le signe de l'anticipation »
Sensibiliser les femmes
La perte de chance peut-elle ouvrir droit à indemnisation ?
La HAS face aux innovations
Une problématique complexe
Vers une trithérapie ciblée
Sécuriser les parcours
Premières thérapies avec cellules CAR-T
Lever les freins à l’accès à l’innovation
Une aide et non un substitut
Renforcer les soins de support
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024