L’étude, publiée dans « The Lancet Diabetes & Endocrinology », a consisté à examiner les preuves ressortant de 40 études randomisées et contrôlées de supplémentation en vitamine D, contre placebo (chez près de 200 000 patients), portant sur des critères squelettiques et non squelettiques. Un type d’analyse qui est, soulignent les auteurs, « la référence en matière de preuve de cause à effet ». Mark Bolland et coll. (Université d’Aukland) ont inclus différents types de méta-analyses. Le propos des auteurs était de déterminer si nouvelles études cliniques sur la vitamine D étaient nécessaires.
La conclusion générale est que les supplémentations en vitamine D ne préviennent pas les infarctus du myocarde, les AVC, les cancers, ni même les fractures osseuses, dans une proportion supérieure à 15 %.
Plus précisément, dans les méta-analyses conventionnelles, les effets des supplémentations en vitamine D – avec ou sans calcium – sur les différents critères d’évaluation – infarctus du myocarde, AVC et cancer, n’est pas significatif. Dans les études comportant une analyse séquentielle, l’effet de la vitamine D comportant ou non du calcium sur ces critères non squelettiques est inférieur ou égal au seuil de 15 %.
Seule la fracture de hanche
Dans les études comportant des critères osseux, « une réduction claire du risque de fracture de la hanche a été observée pour des combinaisons calcium-vitamine D, chez des résidents âgés de maisons de retraite, probablement parce que ces personnes ont un taux bas de 25-OH-vit D sanguin associé à une faible prise de calcium ».
Ainsi, les supplémentations en vitamine D, qui sont dans certaines populations largement utilisées (près de la moitié des adultes aux États-Unis) « selon toute probabilité n’apportent qu’un faible effet, et peut-être même aucun effet. »
Les études d’observation ont montré que la carence ou l’insuffisance en vitamine D est fortement associée à des problèmes de santé, avec une augmentation du risque de décès prématuré. Toutefois, les résultats des études randomisées et contrôlées indiquent que cette relation n’est pas causale. En d’autres termes : « Une supplémentation n’est pas assortie d’une probabilité d’avoir un effet », écrivent les auteurs.
Ces derniers résultats sont cohérents avec les conclusions d’un article de revue de la littérature, publié en décembre dans le même journal (par Philippe Autier et coll.), qui suggèrent que les taux réduits de vitamine D « sont une conséquence et non une cause de maladie et de mort ».
En cas de carence ou d’insuffisance
L’analyse des auteurs pour répondre à la question : « Une supplémentation en vitamine D peut-elle réduire la mortalité de 5 % et plus », ne permet pas de répondre positivement, ni de conclure. Dans le cas de la fracture de la hanche, « les résultats de certaines études ont même suggéré un accroissement du risque avec les suppléments en vitamine D ».
Dans un commentaire associé, le Pr Karl Michaëlsson (Université d’Uppsala, Suède) conclut que « sans indications claires d’une nécessité de donner de la vitamine D, il est légitime de craindre que la supplémentation des personnes n’ayant pas de véritable carence ou d’insuffisance en vitamine D, pourrait avoir des effets néfastes ».
En conclusion, pour répondre à la question sur l’intérêt de pousser les investigations : « Le corpus des preuves est suffisamment important, la réalisation de nouvelles études n’est pas utile ». En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a, en décembre dernier, recommandé de réserver le dosage sanguin de 25(OH)D « au diagnostic de rachitisme et d’ostéomalacie, aux mentions d’AMM des médicaments de l’ostéoporose et à certaines situations cliniques particulières : personnes âgées faisant des chutes répétées, suivi ambulatoire de l’adulte transplanté rénal au-delà de 3 mois après transplantation, traitement chirurgical de l’obésité chez l’adulte ».
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