Une étude française, LUNG ART, a montré que la radiothérapie postopératoire (PORT) complète n'améliore pas le pronostic des patients (1). « Cette étude avait pour but de répondre à une question pertinente : quel est le bénéfice de la radiothérapie post-exérèse complète dans les CBNPC de stade II-III avec nodule médiastinal ? Ses résultats sont sans appel. Ils montrent que l'on ne peut plus préconiser cette stratégie chez ces patients. Elle est peut-être néanmoins bénéfique chez quelques-uns d'entre eux car cela réduit de moitié les récidives médiastinales. Mais ce bénéfice doit être mis en balance avec le risque d'ajouter des toxicités cardiopulmonaires. Il faudra analyser plus précisément les résultats pour voir si l'on peut caractériser les patients qui en tirent bénéfice. Mais globalement aujourd'hui cette stratégie ne peut plus être recommandée », explique la Dr Cécile Le Pechoux (Gustave Roussy, Villejuif) qui coordonnait l'essai.
« Les résultats de LUNG ART vont en effet à l'encontre de la radiothérapie du médiastin après chirurgie et chimiothérapie. Elle ne devrait plus être recommandée comme standard de traitement, commente le Pr Rafal Dziadziuszko (Gdansk, Pologne). Cela va changer les pratiques dans nos institutions dont beaucoup avaient adopté cette stratégie. On peut désormais dire en toute confiance qu'il n'y a pas de bénéfice associé à ce traitement alors qu'il y a des risques en particulier cardiopulmonaires ».
L’étude multicentrique européenne randomisée de phase III, LUNG ART, comparait la PORT médiastinale (54 Gy/27-30 fractions) versus aucune radiothérapie. Les patients inclus étaient en stade PS 0-2, avaient bénéficié d'une résection tumorale complète avec exploration des nodules et étaient N2 documentés. Le critère primaire est la survie sans récidive (SSR). Les critères secondaires sont la toxicité, le contrôle tumoral local, les profils de récidives, la survie globale, les cancers secondaires et les facteurs pronostiques et prédictifs d'efficacité du traitement.
Au total entre août 2017 et juillet 2018, 500 patients ont été recrutés après chirurgie ou chimiothérapie. Ils ont 61 ans d'âge médian (36-85 ans), les deux tiers sont des hommes. Du point de vue de l'histologie, il s’agit essentiellement d’adénocarcinomes (73 %). La plupart ont reçu, outre la chirurgie, une chimiothérapie (postopératoire 77 %, pré-opératoire 18 %). À 4,8 ans de suivi, la SSR n'est pas significativement améliorée par la radiothérapie : 30,5 mois versus 22,8 mois (RR = 0,85; NS). À trois ans de recul, ce n'était guère plus significatif (47 % vs 44 % de SSR), avec une survie globale à trois ans de 66,5 % versus 68,5 %.Des toxicités cardiopulmonaires, de grade 3-5 précoces et tardives, ont été observées chez respectivement 7 et 20 % des sujets du groupe PORT contre 3 et 8 % du groupe contrôle.
(1) Le Pechoux C. et al. abstr LBA3_PR
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