Parcours atopiques

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Publié le 29/05/2025
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Le concept de marche atopique, fondé sur une progression linéaire de la dermatite atopique vers l’asthme allergique chez l’enfant, est remis en cause par les cohortes, au profit d’une vision qui implique une multimorbidité atopique.

Persistance et résolution dépendent de multiples facteurs

Persistance et résolution dépendent de multiples facteurs
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Un individu peut développer une ou plusieurs maladies atopiques selon des trajectoires variables, parfois simultanées, parfois successives, sans ordre prédéfini. « Plusieurs arguments à cela, avance la Dr Flore Amat (Hôpital Robert-Debré, Paris) : seuls 25 % des patients atteints de dermatite atopique modérée à sévère développent un asthme ; les phénotypes cliniques diffèrent, avec des pronostics variables ; et les associations entre maladies peuvent relever d’un simple hasard, en lien avec leur prévalence élevée. » Par exemple, jusqu’à un quart des enfants asthmatiques ont aussi un eczéma, sans lien systématique avec la persistance de ces maladies.

De plus, les cohortes néonatales nous ont appris que les enfants présentant dès le plus jeune âge plusieurs pathologies atopiques avaient un risque accru de persistance (jusqu’à 80 % des cas), surtout en présence d’un eczéma initial, ce risque restant néanmoins limité en prévalence.

La persistance de l’asthme ou de l’eczéma dépend de divers facteurs : génétiques (polymorphismes des gènes CDHR3, GSDMB, filaggrine) et antécédents familiaux d’asthme ou d’atopie, cliniques (début avant 4 ans, polysensibilisation, altération précoce de la fonction respiratoire) et environnementaux (dysbiose intestinale).

Dans les allergies alimentaires, la résolution varie ; l’arachide, les fruits à coque, le poisson et les fruits de mer sont rarement tolérés au fil du temps. Une cohorte récente a observé une association entre allergie à l’arachide, sifflements respiratoires et eczéma persistant. Enfin, un profil métabolomique distinct a été identifié chez les enfants souffrant d’asthme avec comorbidités atopiques, impliquant des mécanismes d’interaction immunitaire, de modulation du microbiote et de réponses épigénétiques.

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du Médecin