DOSSIER 2 : LES ALLERGIES ALIMENTAIRES

Les allergies alimentaires : les différentes manifestations cliniques

Publié le 13/02/2014
Dossier2-chp1

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1. Mécanisme allergique IgE-dépendant 
 
Urticaire et œdème de Quincke
Une urticaire correspond à une éruption cutanée caractéristique. Ressemblant le plus souvent à des piqûres d’ortie et accompagné d’un prurit,  l’érythème est localisé ou recouvre le corps dans sa forme généralisée. D’origine allergique, il évolue volontiers sur un mode aigu et récurrent, d’où l’intérêt de l’interrogatoire minutieux contrairement à l’urticaire chronique exceptionnellement d’origine allergique. 
Cette urticaire est parfois accompagnée d’un  œdème de  Quincke ou  angio-œdème. Modéré, il se localise sur les lèvres, les paupières ou la langue. Situé au niveau du larynx, il signe un niveau de gravité supérieur et parfois le stade initial du choc  anaphylactique.
 
Syndrome de Lessof
Spécifique des allergies croisées aliments et  pneumallergènes, il se traduit par l’apparition rapide d’un  œdème des lèvres, d’un prurit  vélo-palatin et d’une  dysphagie après la consommation de certains fruits ou légumes crus, de crevettes ou d’escargots. Il apparaît par exemple rapidement après l’ingestion de fruits crus (pommes, fruits à noyaux, etc.) chez certains allergiques aux pollens de bouleau.
 
Crise d’asthme
La crise aiguë d’asthme observée dans les 30 minutes qui suivent l’ingestion de  l’allergène alimentaire en cause est souvent grave  d’emblée et doit faire penser à un stade sévère de choc  anaphylactique. On considère que le délai entre cette crise et l’arrêt cardiaque est d’environ une demi-heure. Une  tachypnée puis une  bradypnée sans toux ni expectorations et parfois absence de  sibillances signent une atteinte sévère avec la nécessité absolue d’une injection en urgence d’adrénaline, d’un traitement par  2-mimétique, une  oxygénothérapie, la pose d’une voie d’abord et une hospitalisation en urgence.
 
Choc anaphylactique
Moins fréquent chez l’enfant que chez l’adulte, le choc  anaphylactique est de mécanisme immédiat  IgE-dépendant. Les symptômes cliniques se manifestent dans les quelques minutes qui suivent le contact avec  l’allergène alimentaire ou autres. Il est précédé le plus souvent, lors de contacts  allergéniques antérieurs, de symptômes moins importants pouvant à tort paraître anodins.
 
Le choc  anaphylactique peut évoluer suivant différents stades :
- stade I : signes  cutanéo-muqueux généralisés ( œdème, urticaire géante) ;
- stade  II : atteintes  multiviscérales modérées avec des signes  cutanéo-muqueux, une hypotension  orthostatique, une  tachycardie, une toux et une gêne respiratoire (crise d’asthme) ; 
- stade  III : atteinte  multiviscérale sévère menaçant la vie et imposant une thérapeutique spécifique ( collapsustachy- ou  bradycardie, trouble du rythme cardiaque,  bronchospasme) ;
- stade  IV : arrêt  cardio-respiratoire.
 
Dans certains cas, extrêmement rares, le choc  anaphylactique est spontanément  résolutif, mais attention : dans 5 à 20 % des chocs, une rechute dans les heures qui suivent peut être observée (choc  biphasique) impliquant obligatoirement une hospitalisation et une surveillance de 24 heures. 
Une forme particulière ne doit pas être négligée : il s’agit de  l’anaphylaxie à l’effort souvent liée à une allergie au blé. Le choc,  d’emblée violent, est déclenché par l’association d’un effort précédé de la consommation d’un aliment (contenant du blé).
 
2. Mécanisme allergique retardé 
 
Beaucoup moins connue et présente chez le nourrisson et le jeune enfant, l’allergie retardée est surtout retrouvée avec certains aliments, en particulier le lait.
 
Poussée d’eczéma atopique 
Elle se développe plus volontiers chez des enfants issus de parents  atopiques. Si l’un des parents présente une  dermatite  atopique, le risque chez l’enfant est de 50 %. Il s’élève à 80 % si les deux parents en sont atteints. Cet eczéma peut évoluer sur un mode aigu allant de la phase initiale  érythémato-prurigneuse à un stade plus avancé, pouvant aboutir à la formation de lésions  suintantes puis  croûteuses. Non prise en charge, elle évolue vers une forme chronique sous différents aspects avec des lésions  kératosiqueslichénifiéesimpétiginisées.
 
Troubles digestifs
Le déclenchement de douleurs abdominales, de diarrhée, de vomissements dans les minutes qui suivent la prise d’un biberon de lait  maternisé (contenant des protéines  allergisantes) correspond à autant de signes aigus faisant suspecter une allergie aux protéines de lait de vache. Si le diagnostic n’est pas posé rapidement, il peut s’installer une cassure de la courbe de poids et une  hypotrophie en raison de diarrhées trop fréquentes. D’autres signes digestifs doivent également alerter le médecin sur une origine allergique alimentaire chez le nourrisson : un reflux  gastro-œsophagien (l’enfant hurle à chaque biberon), une constipation rebelle ou une  entérocolite et, moins connues, les  entéropathies et  œsophagites à  éosinophiles.
 

À savoir

1. Première manifestation de l’allergie dans la petite enfance, la persistance d’un eczéma atopique malgré un traitement adapté impose la recherche d’une ou plusieurs allergies alimentaires associées. 

2. La répétition de ces symptômes digestifs à chaque prise de lait maternisé doit faire suspecter une allergie alimentaire.

3. Crise d’asthme liée à l’ingestion d’un aliment : attention, danger ! Il est impératif de bien connaître les symptômes de l’anaphylaxie ; l’injection rapide d’adrénaline pouvant sauver la vie.

Dr Catherine QUÉQUET
Allergologue
 
Bibliographie
‪- Moneret-Vautrin DA et coll. Les allergies alimentaires de l’enfant et de l’adulte. Masson, Paris, 2006.
- Bidat É et coll. Syndrome d’entérocolite induit par les protéines alimentaires : nouvelle observation et revue de la littérature. Revue Française d’Allergologie, 2011 ; 51 : 701-5.
- Beaudouin E. Anaphylaxie alimentaire induite par l’effort : épidémiologie et aspects cliniques. Revue Française d’Allergologie, 2010 ; 50 : 184-7.
 

Source : lequotidiendumedecin.fr