La Pr Agnès Buzyn s’exprime longuement ce jeudi 2 mai dans les colonnes de Paris Match sur les agissements sexistes en milieu hospitalier. L’ancienne ministre de la Santé y évoque pêle-mêle l’affaire Pelloux, sa connaissance des dossiers de harcèlement sexuel lorsqu’elle était ministre de la Santé, de 2017 à 2020, mais aussi sa propre expérience du sexisme en tant que femme médecin puis en tant que femme politique.
L’hématologue en profite pour tacler sans ménagement l’Ordre des médecins, à qui elle reproche son manque d’implication, voire sa complicité sur ce sujet. « L’Ordre a trop souvent protégé les comportements violents, que ce soit chez les harceleurs ou chez les charlatans, en attaquant ceux qui les dénonçaient », déplore-t-elle. « À chaque fois que je paye ma cotisation, je rechigne, ajoute-t-elle, tellement je considère plus l’Ordre comme un syndicat que comme une instance déontologique. »
La Pr Buzyn rappelle aussi son différend avec l’ancien président du Cnom, le Dr Patrick Bouet, sur la question de la parité au sein de l’instance. « Dans la loi de santé de 2019, j’avais réclamé la parité à l’Ordre, que je trouve trop masculin, se remémore-t-elle. Le président s’était battu pour que je lui laisse plusieurs années pour y arriver. Selon lui, c’était la faute des femmes occupées avec leurs enfants ! »
L’Ordre « sociologiquement peu représentatif » pour la Cour des Comptes
Fin 2019, l’instance ordinale avait été ébranlée par un rapport au vitriol de la Cour des comptes sur son mode de fonctionnement et son laxisme disciplinaire. Les Sages de la rue Cambon y fustigeaient un Ordre des médecins « sociologiquement peu représentatif du corps médical en activité » et pourvue d’une « gouvernance fermée ». Le manque chronique de rigueur dans le traitement des plaintes – notamment à caractère sexuel – était déjà épinglé, ce qui avait conduit le président d’alors, le Dr Patrick Bouet, à s’expliquer.
En 2018 déjà, le Dr Bouet avait justifié le nombre très restreint de femmes parmi les titulaires de l’Ordre en rappelant qu’« investir dans une action ordinale demande beaucoup de temps. C'est compliqué pour les médecins en pleine activité et ceux qui cherchent à concilier vie professionnelle et vie privée. »
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
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