Une dizaine d’étudiants en médecine français expatriés en Roumanie – à Cluj-Napoca, Targu Maures et Iasi – pour poursuivre leur rêve d’être médecin étaient invités mardi dernier au Palais Bourbon par le député et cardiologue Yannick Neuder (LR), qui porte une proposition de loi pour rapatrier les carabins français partis à l’étranger. Certains d’entre eux ont suivi les débats à distance.
Autour du Dr Neuder : Camil Bourhila, ancien président de l’association des étudiants francophones de Iasi, actuellement interne en Suisse en neurochirurgie ; le vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) Gilles Noël ; et Emmanuel D’Astorg, président du collectif national Pass-Las. Dans la salle, aux côtés des journalistes, quelques députés dont Isabelle Périgault (LR) et des attachés parlementaires.
Récits édifiants
Les étudiants ont partagé leurs expériences respectives : Camil Bourhila, qui, avant son internat à Lausanne, était à Iasi, évoque « le matériel dernière génération, mieux que certains centres universitaires français ». Il regrette le « sentiment de rejet quasiment propre qu’à la France » vis-à-vis des étudiants expatriés, s’appuyant sur l’exemple des Allemands qui font revenir leurs médecins formés à l’étranger plus facilement.
D’autres étudiantes, comme Chloé Fredon, expliquent avoir raté la Paces à l’époque et s’être expatriées à Cluj. Mais l’éloignement familial et l’aspect financier (la formation coûte 7 500 euros) rendent l’expérience difficile. « Je travaille l’été un mois et demi, après mon mois de stage », raconte l’Auvergnate, confiant vouloir exercer la médecine générale en milieu rural, en France.
« Nous devons prouver : tous les matins, j’étais interrogée pendant deux semaines, uniquement parce que je suis formée en Roumanie… »
Aveline Torterat, rejetée de la Paces elle aussi pour une mauvaise note en biostatistique, est à Iasi. Revenue en France pour des stages, elle raconte la froideur des MSU. « Nous devons prouver : tous les matins, j’étais interrogée pendant deux semaines, uniquement parce que je suis formée en Roumanie… » La Parisienne prévient : « C’est important que la France soit là pour nous, étudiants à l’étranger… Sinon, nous irons ailleurs ! » Au total, ils sont plus de 5 000 carabins à être dans ce cas, une manne dans le contexte de désertification médicale hexagonale.
Le Dr Yannick Neuder a conclu l’événement en donnant des perspectives positives : une réunion est prévue fin août avec le pôle social de Matignon pour « caler » sa proposition de loi, déjà adoptée en première lecture au Palais Bourbon, avec la majorité. Gabriel Attal a déjà déclaré, devant les députés, y être favorable. Au Sénat, le texte devrait être inscrit à l’ordre du jour « à l’automne », promet le député de l’Isère. Lui jure de ne rien lâcher, presque galvanisé par ces récits d’étudiants expatriés quelque peu dépassés, voire dégoûtés, par ce « rejet » de la France, eux qui l’aiment et rêvent encore d’y exercer.
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