Séisme à droite. Éric Ciotti, le patron des Républicains (LR), a déclaré ce mardi 11 juin, dans le journal de 13 heures de TF1, qu’il souhaitait une « alliance » avec le Rassemblement national (RN), pour les élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochain. Le Rubicon a ainsi été franchi pour la première fois à la tête du parti gaulliste, qui a toujours dit « non » à l’extrême droite, y compris sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Face à ce coup de théâtre, de nombreux cadors de la droite républicaine (LR ou ex-LR) sont aussitôt montés au front pour se désolidariser de la stratégie d’Éric Ciotti, qui apparaît isolé. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a estimé sur X (ex-Twitter) « qu’il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président ». L’ensemble des sénateurs LR ont signé un communiqué pour dénoncer la position du patron de leur parti. La Dr Florence Lassarade, sénatrice LR de Gironde, a exprimé ce mardi au Quotidien la « sidération » des élus du Palais du Luxembourg. « Jamais les LR de ma région ou du Sénat n’ont été sur cette ligne ! Nous n’allons pas commencer ces alliances qui étaient impossibles jusqu’alors : nous ne bougerons pas d’un iota », a-t-elle affirmé.
Plusieurs barons régionaux sont sur la même ligne. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, Xavier Bertrand, son homologue des Hauts-de-France, et Laurent Wauquiez, patron de la région Auvergne Rhône Alpes, et désormais candidat aux législatives, ont, tous trois, affirmé qu’ils n’accepteront « aucune compromission » avec l’extrême droite.
Les députés LR vers la majorité ?
Du côté du gouvernement, la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin (ex-RPR, UMP puis LR) a jugé que le patron des LR « déshonore la droite républicaine ». « Bâtissons ensemble un avenir commun en refusant les extrêmes de gauche comme de droite », a-t-elle enjoint sur X. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a appelé à faire une place « à tous les élus et militants LR qui refusent la collaboration ».
Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé (également candidat à sa réélection à la députation en Seine-et-Marne) a souligné que « Chirac, Seguin et tant d’autres figures de la droite française avaient toujours fait de l’alliance avec l’extrême droite une ligne rouge ». Il demande « à tous les républicains responsables car il est encore temps » de rejoindre les rangs d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe, allié à la majorité présidentielle.
À l’Assemblée nationale, le chef de file du groupe LR Olivier Marleix a lui aussi estimé qu’Éric Ciotti devait « quitter la présidence » du parti. Plusieurs élus et experts santé de la droite républicaine ont clairement exprimé leur refus d’une alliance avec le parti de Marine Le Pen. Joint par téléphone ce mardi, le député et cardiologue Yannick Neuder, candidat à sa réélection dans l’Isère, a appelé à « un grand mouvement autour de Laurent Wauquiez, pour proposer une alternative au pays et ne pas être un supplétif du RN ou de la majorité ». Idem pour le Pr Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, chef des urgences à l’HEGP (AP-HP), qui « refuse l’accord qu’Éric Ciotti vient d’annoncer, seul. Il doit démissionner ».
Vieux routier de la droite chiraquienne et autre spécialiste des questions de santé, l’ancien député et cardiologue Jean-Pierre Door voit cette stratégie d’alliance avec le RN comme « un cataclysme ». Le gaulliste se dit « choqué », souhaitant « aucune compromission, ni soumission, ni vente à la découpe. La ligne a été fixée depuis des années : non aux extrêmes ! »
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