Le 27 avril dernier, le ministère de la Santé a souhaité recueillir l’avis du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) sur les questions éthiques posées par la vaccination de la population adolescente pour atteindre une immunité plus importante en population générale. Le conseil a donné sa réponse aujourd’hui ; soit une semaine après que le gouvernement a annoncé que les jeunes de 12 à 18 ans pourront se faire vacciner à partir du 15 juin.
Dans son communiqué, le CCNE rappelle que la mise en place d’une politique vaccinale se construit sur la recherche d’un double bénéfice : « pour la personne elle-même (l’objectif étant de la protéger contre l’infection et la survenue de formes graves) et pour la collectivité (la personne vaccinée étant moins susceptible de transmettre l’infection aux autres). »
Pour chacun de ces deux types de bénéfices, le Conseil s'est prononcé. Puisque « les formes graves de l’infection sont très rares chez les moins de 18 ans, le bénéfice individuel tiré de la vaccination s’en trouve donc limité pour la santé "physique" ».
Une immunité collective ayant besoin des ados
En revanche, précise-t-il, « les conséquences de la pandémie sur la santé psychologique et mentale des enfants, et surtout des adolescents, sont profondes et probablement durables, particulièrement dans les milieux défavorisés. Leur développement et apprentissage ont subi de plein fouet les restrictions imposées à l’ensemble de la population. On peut de ce point de vue souligner qu’ils ont pleinement participé à l’effort collectif destiné à protéger leurs aînés et les plus fragiles d’entre nous. »
Le CCNE écrit ensuite qu’« il semble que la capacité des enfants à s’infecter et à transmettre le virus existe et qu’elle augmente avec l’âge. Elle se révèle ainsi proche chez les adolescents de ce qui est observé chez les jeunes adultes. Par ailleurs, certains travaux estiment que l’immunité collective ne serait atteinte que si 85 % de l’ensemble de la population était immunisée (par le vaccin ou par infection antérieure). Or, il s’avère peu probable que cet objectif puisse être atteint grâce à la seule vaccination des adultes. »
Un risque de stigmatisation
Dans son rapport, le CCNE regrette « que les décisions » concernant la vaccination des adolescents contre le Covid-19 « aient été prises si rapidement » dans un contexte où l’épidémie est sous contrôle. « Y a-t-il une urgence absolue à commencer la vaccination dès maintenant, alors que les indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre pourrait signer le début de la campagne ? » s’interroge-t-il. « Est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d’y accéder) d’une partie de la population adulte ? », demande-t-il aussi.
Également, le comité interroge le « risque de stigmatisation pour les adolescents qui ne souhaiteraient pas y avoir recours » et celui de « briser leur confiance si le retour à la vie normale », promesse de la vaccination, « était compromis par l’arrivée de nouveaux variants » du Covid-19.
Le CCNE recommande alors « un suivi de pharmacovigilance spécifique » des effets secondaires, au vu du faible recul sur la « sécurité de ces nouveaux vaccins chez l’adolescent ». Le comité rappelle que si le consentement au vaccin des parents est nécessaire, « le code santé publique insiste sur l’obligation de prendre en compte également le consentement de la personne mineure. »
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