Dès ce jeudi 25 février, les médecins généralistes pourront vacciner dans leur cabinet des patients de 50 à 65 ans à risque. Mais encore faudra-t-il les identifier et les convaincre de se faire administrer une dose du vaccin AstraZeneca.
« Les généralistes sont prêts, ils sont motivés et ont envie de prendre part à cette campagne de vaccination ! », a répété, à plusieurs reprises, le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, à l’occasion d’une conférence de presse organisée ce mercredi. Le nombre de médecins qui se sont portés volontaires — 27 893 médecins généralistes sur les quelque 50 000 capables d’assurer la vaccination — en est selon lui la preuve.
Pour « vacciner plus vite et plus fort », comme l’a demandé le ministre de la Santé Olivier Véran, une organisation millimétrée va s'avérer nécessaire.
Pas une mince affaire
Les conditions préalables au lancement de la campagne en ville ne sont pas optimales : la méfiance des soignants a grandi vis-à-vis du vaccin AstraZeneca, les livraisons de doses s'effectuent en moindre quantité qu'attendu (moitié moins pour la semaine prochaine) et les médecins redoutent de ne pas trouver facilement dix patients pour écouler les vaccins dans les temps. À tel point que les médecins de MG France réclament plus de souplesse et d'accompagnement.
Depuis la semaine dernière, les généralistes sont à la manœuvre pour identifier et lister les 2,5 millions de personnes—environ 50 patients par médecins— jugées à risques et donc concernées par le vaccin AstraZeneca. Et, à écouter les médecins, ce n’est pas une mince affaire : « On se rend compte que les personnes un peu plus âgées, celles qui n’ont pas forcément accès à internet ou les plus précaires peuvent échapper au système mis place. Pourtant ces personnes sont les plus susceptibles de contracter une forme grave du Covid, et il nous revient de les identifier et de les contacter », relate le président de MG France.
Les médecins en appellent au bon sens
Par ailleurs, le défi pour les médecins, une fois la campagne lancée, sera de concentrer le nombre de patients à vacciner sur un délai relativement court. En effet, une fois le flacon entamé, le compte à rebours est lancé. Les médecins ne disposent plus que de 48 heures pour délivrer les neuf doses restantes (si le flacon reste stocké dans un frigo entre 2 et 8°C) ou 6 heures s'il reste à température ambiante. L’enjeu réside donc dans la capacité qu'ont les médecins à organiser leur agenda et ainsi éviter les pertes.
Et si pour l’instant la priorité est donnée à la cible des 50-65 ans avec des comorbidités, les médecins en appellent au bon sens. « Si un couple consulte dans mon cabinet, que l’homme de 64 ans a pris un rendez-vous pour se faire vacciner et que sa femme de 66 ans souhaite le faire aussi et qu’il me reste suffisamment des doses je ne vais pas lui refuser », prévient le Dr Jean-Louis Bensoussan, secrétaire général de MG France.
Selon le Dr Battistoni, l’objectif de ce début de campagne en cabinet est de « prioriser les personnes vulnérables » mais « de ne pas gâcher ». Les médecins du syndicat MG France demandent également à pouvoir être épaulés pour « cibler les bonnes personnes ». Parmi les pistes évoquées par son président, celle de « travailler en lien étroit avec l’ensemble des professionnels de la santé, des CCAS, des mairies et des collectivités territoriales » pour pouvoir identifier localement les patients. Au nom de l’accès aux soins, MG France réclame également au Ministère de la Santé de pouvoir organiser leurs vaccinations « au fil de leurs visites à domicile ».
D'abord « faire l'effort » de vacciner les patients prioritaires, selon Fischer
Mais cette souplesse n’est pas plébiscitée par le gouvernement. « Il faut en premier lieu essayer de convaincre les personnes à risque âgées de 50 à 65 ans de se faire vacciner », a déclaré le Pr Alain Fischer, lors d'un live chat organisé par Le Quotidien du médecin. En marge de cet événement, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale a confié au Généraliste qu’il fallait que les médecins « fassent l’effort » et « prennent le temps » de vacciner les patients prioritaires atteints de comorbidités, tels que définis par la Haute Autorité de Santé (HAS), auxquels s’ajoutent les professionnels de santé de moins de 65 ans. Chaque chose en son temps, donc.
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