L’ouverture, sur l’ensemble du territoire, de mégacentres pour accélérer la campagne de vaccination anti-Covid ne fait pas l’unanimité chez les médecins. Si les syndicats vivent comme un désaveu ce changement de stratégie brutal, des généralistes sur le terrain estiment que ces nouveaux centres permettront d’être plus efficaces et de pallier la pénurie de vaccins d’AstraZeneca en ville.
En demandant de vacciner « matin, midi et soir », le président de la République a clairement affiché son intention de donner un coup d’accélérateur à la campagne de vaccination anti-Covid. Lors d’une visite à Valenciennes (Nord), mardi dernier, dans un centre puis une pharmacie, le chef de l’État a annoncé l’élargissement de la cible vaccinale aux 3,5 millions de personnes âgées de 70 à 74 ans (intervenu le week-end dernier). Ce sont désormais 18 millions de Français qui sont éligibles à la vaccination. Pour les accueillir, le gouvernement mise sur l’ouverture de 35 premiers « mégacentres » sur tout le territoire, lesquels devraient être livrés en vaccins Pfizer en grande quantité.
L’exécutif souhaite ainsi augmenter significativement la cadence. Les actuelles 500 vaccinations hebdomadaires réalisées en moyenne dans les centres de vaccination vont être doublées : les nouveaux mégacentres viseront 1 000 à 2 000 injections quotidiennes, soit un million de doses par semaine au mois d’avril, si l’intendance suit.
L’armée, les pompiers et la Cnam appelés à la rescousse
Ainsi, l’armée, les pompiers mais aussi l’Assurance maladie seront impliqués dans l’ouverture de ces mégacentres, voués à être rapidement une centaine. Les plus de 75 ans n’ayant pas été vaccinés seront démarchés par téléphone par l’Assurance maladie, qui leur proposera un créneau. La vaccination des 65-69 ans devrait s’ouvrir en avril, tout comme celle, dans la foulée, des enseignants. Le personnel vaccinant pourrait s’élargir aux étudiants en santé et aux vétérinaires. Les pompiers, eux, pourront injecter les doses après une courte formation, comme ils y sont déjà autorisés par un décret datant du 11 mars dernier.
L’arrivée de ces mégacentres est vécue comme un camouflet par plusieurs syndicats de médecins libéraux. Tous déplorent ne pas avoir été concertés sur ce changement important de stratégie. L’UFML-S accuse le gouvernement d’avoir « délibérément maintenu en état de pénurie » les médecins qui vaccinent dans leurs cabinets de ville depuis le 25 février. MG France estime aussi que les médecins généralistes pourraient vacciner beaucoup plus s’ils n’étaient pas « freinés dans leur élan par un approvisionnement insuffisant ».
« Nous aurions pu éviter les vaccinodromes »
Sur le terrain, le constat est le même. Selon le Dr Marianne Comba, généraliste et référente médicale du centre de vaccination du 20e arrondissement de la capitale, « nous aurions pu éviter les vaccinodromes avec assez de flacons… nous avons le personnel pour vacciner. » Elle éprouve un sentiment d’abandon par l’exécutif. « Nous ne sommes pas du tout aidés par le gouvernement. Nous étions prêts, on nous dit d’aller plus vite, mais on ne nous attribue pas de doses suffisantes… » Mais pas de quoi décourager l’équipe de la maison de santé pluriprofessionnelle Pyrénées-Belleville. « Nous nous mobilisons sur nos heures libres, c’est du travail en plus mais c’est une question de santé publique : il faut que l’on vaccine ! »
Pas un concurrent, un complément
Pour le Dr Brigitte Tregouët, médecin généraliste à La Roche-sur-Yon (Vendée), qui vaccine à la fois dans son cabinet et dans une salle des fêtes aménagée, les mégacentres ne sont pas forcément pertinents : ce qui compte, c’est l’adaptation de la campagne vaccinale à la réalité locale. « Nous réalisons 450 injections par jour. Nous nous organisons pour en faire 1 000 au mois d’avril et nous pourrions aller jusqu’à 1 500 s’il le fallait, même si cela signifie d’ouvrir le dimanche. Je ne vois pas ce qu’apporterait un mégacentre chez nous. » Pour la généraliste vendéenne, il ne s’agit pas d’un problème de concurrence avec la vaccination en cabinet, au contraire : « c’est l’addition de toutes ces possibilités vaccinales qui est efficace. Si toutes les pharmacies injectent un flacon d’AstraZeneca par jour, la vaccination va aller très vite. » Il y a d’autant moins concurrence entre les centres de vaccination et les médecins de ville qu’ils ont une cible et des vaccins différents.
Pragmatique, une généraliste de la région parisienne confie qu’il n’est pas si simple de vacciner en cabinet. « Je vaccine quand j’ai des vaccins, c’est-à-dire peu souvent. J’ai injecté dix doses la semaine dernière, j’en aurai peut-être dix la semaine prochaine ; je me suis donc rabattue en centre pour vacciner. Puisqu’un mégacentre va se créer à côté de chez moi, je vais plutôt vacciner là-bas… mais si je pouvais le faire en cabinet, je le ferais. »
Vaccination anti-Covid : la profession partagée sur la création de mégacentres
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Publié le 29/03/2021
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Crédit photo : GARO/PHANIE
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Source : Le Généraliste
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