« Ministre de la Santé un jour, ministre de la Santé toujours » L’actuel président de la région Hauts-de-France et locataire de Ségur dans deux gouvernements Fillon (entre 2007 et 2012), Xavier Bertrand a suscité l’intérêt de la centaine de curieux venus assister au premier colloque organisé par l’association Jenner lundi 19 mai 2025.
Présidé par le sénateur Les Républicains (LR) et généraliste de formation Alain Milon, le nouveau think tank interrogeait l’ancien ministre sur la décentralisation de la santé ; mais ce dernier a profité de l’occasion pour distribuer les bons et mauvais points sur des sujets d’actualité, avec des formules bien senties.
Défense des Ordam
De son propre aveu, Xavier Bertrand « adore parler des questions de santé ». Ça tombe bien, c’était l’objet de sa venue au colloque. Constatant que, dans le Nord, la surmortalité et plus globalement les indicateurs santé publique en deçà de la moyenne nationale « ne dérangent pas grand monde », le président de région a invité à agir pour un pilotage décentralisé de la santé. « Trop de décisions sont prises à Paris », a-t-il regretté. « Je suis intimement convaincu qu’il faut aller vers des objectifs régionaux de dépenses d'assurance-maladie pour faire du sur-mesure », a-t-il indiqué. Des Ordam souvent évoqués par le passé mais jamais concrétisés dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
Sa stratégie consiste en un « mariage » entre déconcentration de l’État et vraie décentralisation de la santé vers les collectivités locales et territoriales. « Revoir le rôle et le statut des agences régionales de santé, pour les départementaliser et ne pas transférer des compétences uniquement aux collectivités locales », a-t-il lancé à la tribune. En parallèle, il entend fusionner les élus départementaux et régionaux.
En matière de gouvernance, cette « réforme en profondeur peut s’apparenter à un big bang ! », convient Xavier Bertrand, lequel défend le « besoin de résultats, pas de rustines ». Pour cela, il faut, a-t-il poursuivi, « couper le cordon de Bercy et des ARS, sinon ça ne pourra pas marcher ». En clair accorder une vraie autonomie de gestion financière, en fonction des besoins du terrain.
Quid de la réforme HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) ? « À l’époque, on pensait que ça allait vraiment décentraliser ! », s’est défendu l’ancien ministre, qui constate au contraire la tendance à la recentralisation autour des ARS, bras armés de l’Etat. « Il faut changer le fusil d’épaule, fini les réformettes ! », a-t-il exhorté.
Ceux qui disent que la lutte contre les fraudes et la recherche d’efficience seront suffisantes sont des rigolos
Xavier Bertrand
L’ancien candidat malheureux à la primaire de la droite pour la présidentielle récuse aussi bien le statu quo que les solutions simplistes. « Ceux qui disent qu’il n’y a pas besoin de réforme en santé sont des tartuffes ; ceux qui disent qu’il n’y a pas besoin de moyens supplémentaires sont des Pinocchio ou des inconscients ; et ceux qui disent que la lutte contre les fraudes et la recherche d’efficience seront suffisantes sont des rigolos ! », a-t-il lancé, provoquant les rires de la salle comble.
Allant plus loin, Xavier Bertrand estime qu’investir dans la prévention n’est pas forcément un gage d’économies pour le système de santé mais une responsabilisation et une progression pour l’espérance de vie en bonne santé, « véritable défi de demain ». En cela, l’ancien ministre rejoint une des priorités de la FHF, qui propose de réorienter une partie des recettes vers la prévention et de fixer des objectifs mesurables de santé publique (dont l’espérance de vie en bonne santé).
L’ancien ministre, qui fustige régulièrement la politique de santé de l’exécutif, a également insisté sur la réorganisation territoriale de la carte hospitalière. « Quand les Français ont besoin de soins lourds ou programmés, ils n’hésitent pas à faire 200 km ! La crainte qu’ils ont se porte plutôt sur l’urgence, car c’est la distance qui peut créer l’irréversibilité. Personne ne demande à se faire opérer de la hanche à 10 km de chez lui ! Les gens veulent des points d’urgence, pas des hôpitaux ».
Évangéliser les élus
Toujours favorable à la liberté d’installation des médecins et à de véritables incitations à l’exercice libéral, Xavier Bertrand souhaite que la santé s’impose définitivement dans le débat public. « Il faut absolument sensibiliser et évangéliser les élus qui ne sont pas passés par le système de santé », car, relève-t-il, les politiques « ne sont pas à l’aise avec les questions de santé ».
À la fin de son intervention, l’ancien ministre, goguenard, a interrogé la salle : « Qui est favorable à plus de décentralisation ? » Dans ce vote à main levée, la majorité était absolue.
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