Il n’a pas hésité à se montrer opposé à une idée d’un de ses collègues ministre. Interrogé mercredi 3 mai sur France Inter au sujet des rendez-vous non honorés, François Braun s’est montré incisif sur la possibilité d’une « taxe lapin », énoncée par le ministre de l'Action et des Comptes publics.
En effet, le 24 avril dans Ouest France, Gabriel Attal avait détaillé l’idée d’« un mécanisme qui permette de sanctionner les absences (à un rendez-vous médical, ndlr) ». Avant de développer : « si vous ne vous présentez pas, le remboursement du rendez-vous suivant serait minoré d’une certaine somme qui pourrait être de dix euros : cinq euros iront au professionnel de santé et 5 euros à l’Assurance-maladie. »
Attention au renoncement aux soins
Réponse du ministre de la Santé : « je dis, sur ce sujet, attention à ne pas entraîner un renoncement aux soins. Cinq euros peuvent sembler rien, mais pour bon nombre de nos concitoyens, c’est important ». Il détaille les chiffres : pour les médecins présents sur les plateformes de prises de rendez-vous en ligne, les « lapins » représentent 3,5 % des consultations, soit 9 millions de rendez-vous non honorés – et 7 % chez les praticiens qui n’utilisent pas ces plateformes. « 3,5 % c’est encore trop, mais je travaille avec ces plateformes pour qu’on arrive à diminuer ce chiffre », a-t-il précisé.
François Braun a tenu à tempérer les ardeurs punitives du jeune ministre macroniste. « La plupart du temps, on ne fait pas exprès de ne pas venir à un rendez-vous médical : on peut oublier, ça existe. C’est pour ça que ces plateformes renvoient un SMS de rappel quelques jours, quelques heures avant… »
Si le fait de taxer les poseurs de « lapin » reste « une proposition sur la table depuis pas mal de temps », le ministre a souhaité appuyer son propos : « mon rôle d’ancien médecin et de ministre de la Santé et de la Prévention est de dire "attention à ce que le remède ne soit pas pire que le mal" : c’est-à-dire qu’on entraîne du renoncement au soin… ce qui serait dramatique ».
Cette idée avait d’abord été lancée par Emmanuel Macron dans un entretien face aux lecteurs du Parisien le 24 avril dernier. « Il faut responsabiliser mieux les patients : ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous, on va un peu les sanctionner », cite le quotidien.
Ferme opposition à toute coercition
François Braun a également profité de cette interview pour réaffirmer qu’il est contre la régulation à l’installation des médecins : « ça ne marche pas et ça amène un effet contre-productif », a-t-il notamment indiqué aux journalistes de France Inter. Précisant dans la foulée qu’« il y a partout des déserts médicaux, comment et qui va choisir ; selon quel critère ? En faisant ça, on va réussir à dégoûter les jeunes de vouloir faire de la médecine générale et de la médecine libérale : c’est ça l’effet contre-productif ».
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