Nos trésors

Publié le 12/05/2015

Les vrais changements politiques et sociétaux ne résultent que de grandes ambitions et pas de vains combats. Notre République est malheureusement le plus souvent sujette à des débats stériles et à de l’inflation législative. Il y a soixante-dix ans, au lendemain de la guerre, avec l’espoir d’un monde meilleur dans un pays blessé moralement et socialement, est née la Sécurité sociale universelle. L’idée avait germé au cours des années trente quand le pays faisait face à une crise économique qui, pensait-on, aurait pu être surmontée par plus d’unité et de solidarité. Quelques années plus tard, les hommes issus de la Résistance ont estimé que la santé des populations était une priorité. Ils ne se sont pas  trompés. Comme le souligne aujourd’hui la ministre de la Santé Marisol Touraine, « célébrer la Sécu, ce n’est pas être dans le regret ou regarder un passé révolu ». En quoi cette idée ne serait-elle plus d’actualité ? Il est vrai que la situation du pays n’a rien à voir avec l’état de misère et de délitement moral et social de 1945. Mais le chômage, la maladie et la pauvreté d’aujourd’hui appellent à maintenir des solutions sociales de qualité sur le principe que « chacun sera à la fois contributeur et allocataire ». Pourtant des menaces viennent de la primauté d’un libéralisme mondialisé, des nouvelles technologies qui font exploser les cadres et de traitements trop chers qui laminent les fonds publics. Les nouvelles générations plus indépendantes et autonomes  veulent desserrer le corset que la sécu peut engendrer. Le conservatisme et la technocratie dans ces « grands machins » peuvent pousser les Français à s’en détourner… même s’ils disent encore aimer leur système de santé. La nouvelle étape réformatrice qui est proposée apparaît bien terne. Pendant de trop longs mois, la santé a été secouée par des débats violents autour de la médecine libérale. L’hôpital est sur ses gardes face aux menaces de restructurations. Nos « trésors nationaux » doivent se rénover pour ne pas trôner dans un musée de la solidarité. L’autosatisfaction n’est pas de mise.


Source : lequotidiendumedecin.fr