Qu’il a changé le discours d’Agnès Buzyn sur l’homéopathie… Au printemps 2018, quelques semaines après la parution d’une tribune réclamant le déremboursement des granules, la ministre de la Santé avait prudemment expliqué au journaliste Jean-Jacques Bourdin que l’homéopathie ne serait pas déremboursée si elle continuait « à être bénéfique sans être nocive ». Mais au fil des mois, alors que la Haute autorité de santé planchait sur l'évaluation des produits homéopathiques — qui s'est soldée par l'annonce de leur déremboursement à partir de 2021 —, le ton de la ministre s’est durci.
Dans un long reportage lui étant consacré dans Le Point du 12 septembre, on apprend que la ministre estime que « l’homéopathie relève de la médecine d’un autre siècle ». Confidence pas forcément destinée à sortir ou vrai tacle de la ministre ? Difficile à dire. Une chose est certaine en revanche : cette déclaration n’a pas plu au Collectif de soutien à l’homéopathie. Celui-ci appelle ce mercredi Agnès Buzyn « à respecter l’homéopathie et les millions de patients qui l’utilisent ».
Foie de canard et piscine olympique
Comment expliquer ce glissement vers un discours plus offensif de la part de la ministre, d’ordinaire plutôt consensuelle ? Par une méconnaissance du dossier, apprend-on dans Le Point. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Agnès Buzyn assure qu’elle ne savait pas grand-chose de la fabrication des granules, avant que la polémique n'enfle. « Je viens d'une spécialité traitant de maladies graves (elle est hématologue de formation, ndlr) et l'homéopathie n'était pas dans mon champ de vision. Je croyais qu'on diluait un principe actif », jure-t-elle.
Selon l’hebdomadaire, la ministre a changé de discours lorsqu’elle a découvert qu’aucune évaluation de l’homéopathie n’avait jamais été effectuée et que sa fabrication consistait à « prendre un extrait de foie de canard » et à « le diluer dans une piscine olympique qui elle-même est diluée à l'échelon de la galaxie ». Une description du processus jugée « caricaturale » par le Collectif de soutien à l’homéopathie. Et celui-ci de déplorer le « profond mépris » exprimé par Agnès Buzyn « envers les millions de patients et les milliers de professionnels de santé français qui utilisent chaque jour l'homéopathie et en constatent l'efficacité. »
Appel à l'apaisement
« Une fois que j'ai su, je ne pouvais plus lâcher prise, ou bien je perdais toute crédibilité dans le champ médical, confie la ministre de la Santé. C'était devenu existentiel. (...) En tant que médecin, si je baisse les bras sur des évidences scientifiques, c'est comme si l'on me demandait de dire que la Terre est plate. »
Pour le collectif de soutien à l'homéopathie, ces propos sont contraires à la neutralité promise par la ministre « afin de ne pas alimenter une polémique particulièrement violente et entachée de contre-vérités ». Le collectif appelle donc Agnès Buzyn « à prendre ses responsabilités en reconnaissant publiquement l’homéopathie en tant que pratique médicale et en appelant à un nécessaire apaisement sur ce dossier ».
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