Où faudrait-il placer le curseur dans la territorialisation des soins ? L'État doit-il garder la main à travers les ARS ? Les compétences de la Région seront-elles élargies à la santé ? Ce débat politique a été clairement abordé avec des réponses tranchées. Président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand a clairement revendiqué un pouvoir élargi sur les questions de santé. « Je ne veux pas un strapontin. Il faut prendre les responsabilités et les assumer. Je propose au gouvernement une expérimentation, sur cinq ans par exemple. Je m'engage contractuellement et accepte d'être évalué. » Au-delà de la posture d'un futur candidat désormais « en marche » vers de prochaines élections, le discours est ici radical. Et entre en conflit ouvert avec les ARS (voir pp. 6 à 12). « À force de s'occuper de 1 001 choses, l [Etat] s'occupe mal de 1 001 choses. Je suis pour un Etat qui s'occupe seulement des fonctions régaliennes. Le régalien pour moi, c'est protéger, éduquer, soigner. » Faut-il alors aller jusqu'à un Ondam régional ? « En 2004, je défends au côté de Philippe Douste-Blazy la réforme de l'assurance maladie. Et Pierre Méhaignerie pour la première fois dans une enceinte parlementaire évoque la question d'un Ondam régionalisé. À l’époque, je dis non parce que je ne vois pas comment on va pouvoir lutter contre cette disparité sanitaire liée à la géographie. Il ne faut pas un Ordam à 100 %. Car il faut de la péréquation. C'est la seule façon de redonner des marges de manœuvre, de capacités aux élus. » Bref, Xavier Bertrand appelle à une nouvelle gouvernance sur la santé entre l'État et la région avec un réel transfert de compétences.
Le lendemain, en clôture, Agnès Buzyn lui a indirectement répondu : « Le problème de la France, ce sont ces inégalités géographiques et sociales très importantes. Mon devoir en tant que ministre, c'est de réduire les inégalités territoriales, sociales et de trouver les solutions qui s'adaptent. C'est pourquoi je suis favorable à la territorialisation des soins. De sorte que chaque territoire, chaque bassin de vie trouve sa solution adaptée aux besoins locaux. La régionalisation, il le faut. […]. Ce à quoi je suis opposée aujourd'hui, c'est à une régionalisation de l'Ondam. Les dépenses et les recettes ne doivent pas relever de la Région. On risque de créer des différences entre régions comme aujourd'hui entre la France et les pays transfrontaliers pour attirer des médecins et des infirmières. Pour autant, les collectivités doivent s'emparer du sujet santé et participer à trouver des solutions en lien avec les ARS et les acteurs de santé. » Fermez le ban. Il n'y aura pas de grand soir en matière de régionalisation des soins. L'État n'entend pas lâcher sur ses prérogatives. Est-ce si surprenant ?
À la mémoire de notre consœur et amie
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