Loin des grands centres hospitaliers et universitaires, des milliers d’internes se forment à leur spécialité dans des services de médecine et de chirurgie périphériques. Très utiles au fonctionnement du service, ces internes étaient bien souvent encadrés par des médecins intérimaires, souvent habitués au service.
L’absence de ces médecins implique donc que ces internes ne soient plus encadrés. La transition est parfois rude pour ces petits services, où les internes se retrouvent souvent seuls. De plus, cela provoque la fermeture de terrain de stage pour ces étudiants, et pour les plus avancés dans le cursus, une autonomisation en mode dégradée. In fine, ce sont les étudiants et les patients qui en payent le prix. Un cercle vicieux, car ces terrains de stage ne seront plus choisis par les internes, et un hôpital sans interne c’est un hôpital inéluctablement voué à disparaître.
Dans les CHU aussi, le manque d’intérimaires ne provoque souvent pas la fermeture sèche de service, mais une réduction drastique de l’activité. C’est souvent le cas en chirurgie. Les internes traversent parfois une période similaire à l’épidémie de covid, avec un manque d’activité qui empêche la formation adéquate de ces jeunes médecins.
Une transition pénible
La transition entre la fin de l’internat et le post-internat se faisait pour de nombreux internes par des remplacements, que ce soit en cabinet de médecine générale ou à l’hôpital. Cela avait de nombreuses vertus. Tout d’abord, de découvrir toutes les responsabilités qui incombent au médecin lors d’une prise de poste futur. Les internes revenaient souvent dans des services ou ils étaient passés plus tôt, ce qui permettait de faire de l’intérim dans de bonnes conditions de sécurité. Cette situation étant gagnante pour toutes les parties. Les internes venaient faire de l’intérim dans un service connu, en connaissant le matériel, le logiciel de prescription, les équipes médicales et paramédicales. C’était par ailleurs souvent une façon de découvrir des structures différentes des CHU de formation. Très souvent, le remplaçant interne ou senior prenait un poste dans ce même centre hospitalier. L’intérim était une façon de découvrir une équipe, une façon de travailler.
Une baisse d’un complément de rémunération
Alors que la rémunération des internes fait débat, autour de 6,80 euros de l’heure en première année, l’intérim rendait ce salaire misérable plus acceptable. Tolérés par de nombreux chefs de service, les internes les plus avancés dans le cursus pouvaient réaliser des missions d’intérim. Une façon de gagner un peu plus dignement sa vie lorsqu’on approche de la trentaine et qu’on a déjà fait une dizaine d’années d’étude.
L’hôpital est malheureusement conscient de la rémunération très faible de ses internes et de ses médecins. C’est pourquoi, la quasi-totalité des contrats d’assistant des hôpitaux et de chef de clinique prévoit des congés exclusivement réservés à remplacements dans d’autres établissement, entre 30 et 45 jours de « congés de remplacement » par an.
La mise en application de la loi Rist est aujourd’hui dévastatrice pour les hôpitaux. Les premières victimes sont les patients qui ne peuvent bénéficier des mêmes soins partout sur le territoire alors que les cotisations payées sont les mêmes. Mais la formation, le bien-être des soignants et la qualité du travail effectué sont aussi lourdement impactés. Une loi répondant à une logique économique au détriment des soignants et des patients, sans préparation et après une décision unilatérale sans concertation avec les soignants et les directeurs d’hôpitaux ne pouvait pas donner le pire résultat.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier