Il y a eu le texte de loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2023, voté en décembre dernier. Celui-ci prévoit, entre autres, l’extension des compétences vaccinales des infirmiers, leur habilitation (à titre expérimental) à signer des certificats de décès, l’accès direct (toujours à titre expérimental) aux infirmiers en pratique avancée (IPA)… Il y a aussi la proposition de loi Rist, actuellement débattue, qui vise à aller plus loin sur l’accès direct aux IPA, et qui introduit la notion d’IPA praticien : un professionnel qui pourrait, selon l’exposé des motifs, « avoir pour mission d’intervenir en première ligne sur des pathologies courantes identifiées comme bénignes en soins primaires sur la population générale ».
20 % d’abandon chez les étudiants
Voilà pour le côté pile. Mais côté face, il y a la réalité du marché de l’emploi infirmier : des établissements qui ont toutes les difficultés à recruter et fidéliser leurs effectifs et une formation qui peine à tenir ses promesses : 20 % des étudiants abandonnent leurs études avant la fin des trois ans du cursus, déplorait en novembre dernier le ministre de la Santé, François Braun, devant les membres de l’Association des journalistes de l’information sociale.
Dans ces conditions, faut-il considérer que la profession n’a pas les épaules pour assumer de nouvelles responsabilités ? Ce serait aller trop vite en besogne, car avec environ 637 000 paires de bras, les infirmiers sont, de loin, les soignants les plus nombreux. Emmanuel Macron, lors de ses vœux aux professionnels de santé le 6 janvier dernier, a même pu s’enorgueillir d’avoir augmenté de 20 % le nombre des étudiants en Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) en trois ans.
Nouvel horizon
C’est ce qui fait dire à Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, que les infirmiers, « par leur nombre, mais aussi par leur volonté », sont à même d’assumer les nouvelles missions qui se présentent à eux. Mieux : de nouvelles responsabilités pourraient être un facteur d’attractivité permettant d’en recruter davantage ou de retenir des professionnels tentés de quitter le métier, en leur proposant « un nouveau cap, un nouvel horizon ».
Un raisonnement qui vaut tout particulièrement pour les IPA : leurs effectifs restent faibles (moins de 1 000 IPA étaient en activité en 2022, d’après l’Unipa, syndicat représentant la profession), mais il faut selon leurs défenseurs les considérer de manière dynamique. « C’est vrai que nous ne sommes pour l’instant pas assez nombreux mais, avec les prochaines dispositions qui vont entrer en vigueur, à commencer par l’accès direct, nous serons à même d’attirer de nouvelles personnes », estime Laurent Salsac, secrétaire adjoint de l’Unipa. Le tout est d’amorcer le mouvement !
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