La Fédération hospitalière de France (FHF) alerte le 24 juillet de la « situation critique » que rencontrent les hôpitaux et les Ehpad publics, « sous la pression d’un contexte budgétaire défavorable » et dans une instabilité politique qui a le tort de perdurer.
Pour le patron de la FHF, Arnaud Robinet, « il est urgent de redonner aux établissements publics de santé les moyens nécessaires à l’accueil et la prise en charge de tous, en statuant dès la rentrée en faveur de la préservation du système public de santé ».
Pour appuyer son propos, la FHF dresse un état des lieux mitigé du secteur. Certes, l’activité hospitalière a retrouvé et même dépassé son niveau pré-Covid, ce qui est « un signal encourageant ». Mais un sous-recours aux soins pour des activités qui souffrent d’un « sous-financement chronique » persiste.
On compte 3,5 millions de séjours d’hospitalisation de médecine et de chirurgie non réalisés entre 2020 et 2023 par rapport au niveau de prise en charge attendu, alerte la FHF, citant son dernier baromètre. Dans le détail, les prises en charge digestives (-11 %), la cardiologie (-13 %), le système nerveux (-11 %), et la rhumatologie (-12 %) sont les plus percutés par ce non-recours. Le niveau de recours des greffes recule également de 7,5 % par rapport au niveau attendu en 2023.
Ajouter 1,3 milliard d’euros à l’Ondam
Face à ce constat, la FHF en remet une couche : l’enveloppe dédiée aux dépenses de santé pour 2024 (l’Ondam, voté dans le dernier budget Sécu) est totalement insuffisante. « Les objectifs initialement fixés n’ont en effet pas suffisamment couvert les conséquences de l’inflation, avec un défaut de financement estimé à 1,3 milliard d’euros pour le seul hôpital public », argumente-t-elle.
Cette « menace » qui pèse sur l’hôpital public peut prendre fin, à condition que le futur gouvernement prenne ses responsabilités, estime l’organisation d’Arnaud Robinet. Première chose à faire : rectifier l’Ondam en y ajoutant 1,3 milliard d’euros. Deuxième chose : « Prioriser l’hôpital public dans les arbitrages qui devront être opérés, car l’hôpital n’est pas un coût, mais bien un investissement dans l’avenir du système de santé ».
La FHF n’oublie pas les Ehpad, eux aussi très endettés et qui attendent la mise en œuvre « sans délai des demandes formulées depuis longtemps en faveur du grand âge », notamment la création de 50 000 postes supplémentaires d’ici 2030 et l’écriture d’une loi de programmation ad hoc.
Un PLFSS « avec une tête différente »
Interrogé par l’AFP sur la situation politique, Arnaud Robinet a rappelé que l'été, habituellement, sa fédération « commenc[e] à travailler avec les cabinets ministériels concernés sur l'élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) » pour l'année suivante, normalement présenté en septembre. « Ce n'est pas le cas aujourd'hui », a-t-il regretté. « Si nous n'avons pas de gouvernement, pas d'interlocuteur, une Assemblée morcelée en trois blocs, on risque d'avoir à reconduire le PLFSS de 2024, ce qui serait très dommageable pour l'ensemble du système de santé », a-t-il averti, avant d’appeler le futur gouvernement à nommer un ministre de la Santé de plein exercice, et non un ministre délégué.
Ce retard dans les travaux préparatoires au prochain budget de la Sécu a fait prédire à Marguerite Cazeneuve, déléguée générale de l’Assurance-maladie (Cnam), « un PLFSS avec une tête sans doute un peu différente » qu’à l’habitude. « Le texte sera probablement plus court », avait-elle indiqué mardi 23 mai, lors d’un café Nile.
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