Planifié depuis plusieurs semaines déjà, un débat organisé ce mercredi 24 mars à l’Assemblée nationale avec Olivier Véran « sur le suivi de la crise sanitaire » a été pour le moins chaotique. Seule une vingtaine d’élus de tous bords ont échangé avec le ministre de la Santé, l’interrogeant notamment sur les lenteurs de la campagne de vaccination anti-Covid, le choix des mégacentres ou la décision jugée tardive d’un troisième confinement pour lutter contre l’épidémie. Cette réunion de trois heures marquée par des altercations et mouvements d’humeur n’a en tout cas pas permis au ministre de la Santé de convaincre les parlementaires de l’opposition.
Olivier Véran s’est prêté au jeu des questions des députés de tous les groupes politiques. Il a déclaré que la France est à « un tournant », car « les prochaines semaines vont être très difficiles », les indicateurs épidémiques étant dans le rouge.
Un ministre « très sûr de lui »
Présent sur les bancs du palais Bourbon, le député La France Insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière était remonté à l’issue de ce débat. « La journée d’hier est une caricature honteuse, confie-t-il au Généraliste : dans un Hémicycle vide, Olivier Véran a répondu de manière superficielle à des questions de deux minutes… ce n’est pas sérieux, alors que les questions de santé le sont ! »
Elle aussi dans l’Hémicycle, la pharmacien et députée Agir du Havre, Agnès Firmin-Le Bodo, est plus modérée. « Pour avoir un débat, je n’aurais pas choisi ce format. Il est toujours compliqué en deux minutes d’avoir des réponses. Hier, c’était plutôt un échange de points de vue. » De son côté, Jean-Pierre Door, député Les Républicains (LR) du Loiret, cardiologue de formation, a trouvé Olivier Véran « très sûr de lui, dans l’autosatisfaction ; alors que le Président et le porte-parole du gouvernement commencent à reconnaître des erreurs. »
Le choix des mégacentres, cible des critiques
Interrogé sur les nouveaux mégacentres de vaccination, Olivier Véran a affirmé qu’il n’y a « jamais eu de religion anti-vaccinodrome » ; un discours différent du 4 janvier dernier où il déclarait notamment qu’il n’était pas certain que « la vaccination doive prendre la forme de grands stades dans lesquels viendraient faire la queue des milliers de personnes ». Le changement s’explique, a-t-il justifié, par « les livraisons de doses de vaccin qui vont augmenter massivement dans une dizaine de jours », permettant de « vacciner plusieurs milliers de personnes par jour ».
Pour Alexis Corbière, « les grands centres comme celui du Stade de France, c’est de la com’, car il n’y a pour l’instant pas plus de doses ». Lui prône des centres de proximité car « les personnes âgées de Bagnolet ne vont jamais aller au stade pour se faire vacciner ». Même son de cloche du côté d’Agnès Firmin-Le Bodo. Les vaccinodromes sont, selon elle, « un outil supplémentaire mis à disposition » même si, à titre personnel, l’élue normande n’en est « pas fan », ayant en tête ceux mobilisés et désertés pendant l’épidémie d’H1N1, reconnaissant toutefois « une situation différente » avec le Covid-19.
Le passeport sanitaire écarté ?
Pour la Havraise, ces mégacentres arrivent « trop tôt dans la campagne vaccinale », alors que les cabinets médicaux, les pharmaciens et les infirmiers libéraux n’ont pas assez de doses pour vacciner. Elle rappelle d’ailleurs que les vaccins Pfizer et Moderna devraient bientôt être administrables en pharmacie puisque les grossistes sont désormais équipés de frigos adaptés (-20 degrés). Jean-Pierre Door regrette, lui, le « train de retard sur l’étranger. Aux États-Unis, explique-t-il, on vaccine partout. En France, le politique est dépassé par sa bureaucratie. »
Le ministre de la Santé a également donné des perspectives d’avenir à la petite assemblée présente mercredi. L’exécutif miserait notamment sur une « couverture vaccinale satisfaisante » pour ne pas avoir recours à un « pass sanitaire » pour rouvrir les bars, restaurants et autres lieux recevant du public. La réouverture aura lieu « progressivement » et « par ordre décroissant de dangerosité en regard de la contamination virale », a-t-il précisé. Pas de quoi séduire le député Jean-Pierre Door : « Un bilan de la gestion de la crise du gouvernement sera effectué a posteriori et croyez-moi, il y aura beaucoup à dire… »
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