La défiance relative des Européens envers leurs classes politiques respectives s’exprime également dans le secteur de la santé. Tel est l’un des enseignements de la dernière étude représentative en ligne réalisée par Human8 pour le compte du groupe allemand Stada, auprès de 27 000 personnes issues de 22 pays, parmi lesquels 20 Européens – dont la France –, de février à mars 2025.
L’étude renseigne que la confiance envers les professionnels de santé en Europe reste forte : les médecins généralistes (69 %) et les pharmaciens (58 %) figurent en pole position, loin devant Google (20 %), l’intelligence artificielle (15 %), les médias mainstream (12 %), les influenceurs en santé (11 %) et, en dernière position, le personnel politique (8 %). Les Danois (81 %), Belges (80 %) et Portugais (79) sont ceux qui accordent le plus leur confiance aux omnipraticiens.
Au passage, 40 % des Européens confient que les conseils des pharmaciens sont une « raison essentielle » à leur venue en officine. Il s’agit, selon eux, d’un point de contact pratique et complet pour leurs besoins en santé (30 %), appréciant les relations qu’ils entretiennent avec ceux qui y travaillent (28 %).
L’IA fait son chemin en santé
En moyenne, le taux de satisfaction global des Européens à l’égard de leurs systèmes de santé est nettement majoritaire (58 %). En revanche, seule une moitié d’entre eux (51 %) affirment que, dans leur propre pays, tout le monde a un accès égal aux soins ; et 44 % vont même jusqu’à qualifier leur système de santé d’inéquitable. Ce sentiment élevé d’iniquité dans l’accès aux soins existe y compris dans des pays où la satisfaction globale vis-à-vis du système de santé est importante, comme en Belgique ou en Suisse (81 % chacun).
Dans cette étude, les Européens se montrent plutôt ouverts à utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour leur santé : 39 % imaginent qu’ils pourraient demander des conseils à une IA plutôt que de consulter un médecin. C’est particulièrement le cas pour les Danois (48 %) et les Suédois (47 %). À noter que 25 % des Européens déclarent qu’ils pourraient envisager le recours à l’IA, lorsque la technologie sera plus avancée. Les raisons mises en avant sont l’amélioration de l’accessibilité et la disponibilité de l’outil (49 % du panel). En outre, presque la moitié des Européens (45 %) estiment que l’IA rendra le système de santé plus pratique et efficace, en réduisant la nécessité de consulter un médecin pour les maladies bénignes.
L’Espagne, eldorado de la vie saine ?
L’enquête du groupe Stada s’intéresse également à la prévention. Dans ce cadre, un mode de vie sain est jugé important pour 96 % des Européens. En moyenne, les trois quarts d’entre eux (72 %) adoptent « régulièrement » des habitudes préventives, comme l’exercice physique, une alimentation équilibrée ou une prise de compléments alimentaires ou. Mais en France, seulement 42 % des sondés affirment avoir ces pratiques. Toutefois, deux tiers des Européens (66 %) participent désormais à tout ou partie des examens de santé préventifs, soit une augmentation de 5 points par rapport à 2023.
Les Espagnols – dont l’espérance de vie moyenne est de 84 ans, la plus haute du continent – sont ceux qui évaluent leur mode de vie comme le plus sain (68 %), contre un peu plus de la moitié des Français (57 %). Pour autant, les Hexagonaux sont dans le top 5 de ceux qui se disent en bonne condition physique (66 %), derrière la Roumanie (70 %), l’Autriche (88 %) et la Suisse (67 %).
Ressources et santé mentale, deux clés
Les freins aux pratiques préventives mentionnés par les Européens sont le manque de motivation (41 %), mais aussi les difficultés financières et psychologiques. Sans surprise, les personnes aux faibles ressources ont davantage de difficultés à adopter un mode de vie sain (36 %) comparé à ceux qui sont plus à l’aise financièrement (58 %), soit plus de 20 points d’écart. Les personnes en situation financière précaire sont aussi moins satisfaites de leur système de santé (48 %) et ont moins confiance en sa capacité à les soigner en cas de maladie grave (47 %) contre respectivement 63 % et 64 % pour les personnes pas inquiètes par leur situation pécuniaire.
Enfin, les personnes ayant des problèmes de santé mentale sont trois fois moins susceptibles de déclarer mener une vie saine (19 %) que celles en ayant une bonne (62 %). Au demeurant, seuls 21 % des Européens estiment que la santé mentale et physique est suffisamment prise en compte dans leur système de soins.
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