Un résultat à la fois en continuité et en rupture. En continuité car certaines tendances déjà remarquées dans les précédents scrutins se confirment. En rupture parce que sont apparus des points de fracture par rapport au scrutin précédent.
Que perçoit-on à travers ces résultats ? Les médecins par leur vote ont exprimé une certaine lassitude et une inquiétude. Trois raisons sont évoquées.
D’abord, le taux de participation par rapport au scrutin de 2010 est en net recul et continue de se dégrader : 39,92 % contre 44,6 % en 2010, 46 % en 2006 et 52,7 % en 2000.
Deuxième remarque, les syndicats contestataires marquent des points, et de manière incontestable. La CSMF à l’annonce des résultats avait regretté qu’« un vote contestataire se soit exprimé en faveur de syndicats poujadistes sans propositions ». Si l’on considère les résultats à l’aune de tous les collèges, la FMF passe de 16,17 % à 22,69 %. Dans le collège technique (chirurgiens, anesthésistes et gynécologues-obstétriciens), le Bloc continue sa percée entamée déjà en 2010 (66,79 % contre 58,24 % en 2010), ce qui constitue les deux tiers des suffrages exprimés pour ce collège. Ce syndicat s’était illustré en refusant de voter l’avenant N° 8 (contrôle du secteur 2).
Troisièmement, même s’il reste leader chez les spécialistes,le syndicat leader, la CSMF s’affaisse. Tous collèges confondus, il perd huit points, passant de 33,46 % en 2010 à 25,40 %. La CSMF est dorénavant talonnée par la FMF (22,69 % contre 16,17 %). Plus précisément, elle perd des voix dans tous les collèges, et donc aussi des sièges. (7 points dans le collège I, 5 points dans le collège II et 10 points dans le collège III). Elle reste majoritaire en grande partie grâce aux Dom Tom (Guyane, Guadeloupe) et la Corse.
Dernière observation, une prime est accordée aux syndicats monocatégoriels. Dans le collège I des généralistes, les médecins qui ne se reconnaissent pas pour la FMF (contestation) préfèrent voter pour MG France qui défend seulement les généralistes.
Des négos à couteaux tirés ?
Quelles vont être les conséquences de ce scrutin ? Celui-ci aura un impact important sur les négociations qui débutent en 2016 autour de la nouvelle convention médicale dont la durée est de cinq ans. Le seuil minimum de vote est fixé à 30 %. Cela signifie que la Cnam doit recueillir pour le vote de la nouvelle convention des syndicats qui au total regroupent au moins 30 % du collège. Les négociations entre les syndicats et la Cnam dont le patron est Nicolas Revel s’annoncent corsées, d’autant que par exemple la FMF préfère contester que négocier.
Deuxième conséquence importante, la composition des URPS devrait changer radicalement. Notons que la CSMF au scrutin précédent avait réussi à décrocher les présidences de 19 des 26 régions. Ce qui sera loin d’être le cas pour ce scrutin 2015. Tout dépendra du jeu des alliances et des accords entre les syndicats. Mais la CSMF risque de perdre au moins la moitié de ses présidences, voire plus.
Une élection dans un fauteuil, ce n’est donc le cas pour aucun des syndicats présents. L’année 2016 s’annonce tendue, aussi bien entre les syndicats au sein des URPS que dans les négociations avec l’assurance maladie.
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