Quelles sont les raisons qui ont présidé à la création de l’IPADECC ?
L’association est née des injustices liées à la non-régularisation de nombreux praticiens dans le cadre de la procédure prévue par la loi de juillet 2019 (1). Tous ont lutté ou luttent en première ligne contre les crises sanitaires. La majorité de nos confrères ont travaillé en 2019, en plein Covid, mais ne peuvent justifier d’un exercice à plein temps jusqu’à juin 2021. D’autres ont été exclus pour une seule journée non exercée entre 2018 et 2019, d’autres encore ont été en congé maternité pendant la période mentionnée… Par ailleurs, nous avons découvert que l’article 7 du projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration, actuellement en débat au Sénat, prévoit de faire venir en France des médecins et des pharmaciens étrangers. Nous n’y sommes évidemment pas opposés mais nous demandons la régularisation préalable de ceux qui exercent déjà en France.
Vous dénoncez également l’épreuve de vérification des connaissances (EVC). Pour quelles raisons ?
Depuis 2011, les EVC sont devenues un concours, sauf pour les candidats justifiant de la qualité de réfugié, or celui-ci ouvre entre 300 et 500 postes par an pour 5 000 Padhue présents sur le territoire, sans compter les candidats venant de l’étranger. Dans des spécialités comme la médecine nucléaire ou la biologie médicale, entre 0 et 3 postes ont été proposés au cours des dernières années. En 2022, le concours n’a pas été organisé. Alors que plus de 30 % des postes de praticiens hospitaliers titulaires en médecine seraient vacants à l'hôpital, que 70 % de postes de PH en biologie sont libres dans les hôpitaux, comment expliquer cette rupture d’égalité, qui nous précarise durablement ? Les Padhue travaillent à un rythme effréné, acceptant jusqu’à trois gardes par semaine. Le temps de préparation à ce concours est donc limité. Ce sont aussi ces inégalités de chance entre ceux qui travaillent en France et ceux qui viennent de l’étranger que nous voulons dénoncer.
Quelles pistes d’action suggérez-vous aux pouvoirs publics ?
Dans notre pétition signée à ce jour par 418 praticiens, nous demandons à notre tutelle de corriger toutes ces inégalités. Le vote d’un nouvel amendement à la loi de 2019 suffirait pour élargir les critères d’inclusion de la procédure de régularisation. Pourquoi ne pas gérer le stock avant de démarrer sur de nouvelles bases ? Pourquoi surtout ne pas traiter notre situation de manière cohérente dès lors que nous exerçons déjà sur le sol français ?
1- Loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé
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